SUR L'AIDE AUX PAYS " SOUS-DEVELOPPES " Ebauche d'une lettre àMessieurs les Présidents des Associations Bancaires des pays du M.E.C. proposée par le Dr. [Traduction: * Raphaël Mattioli pages I-XIII] * * SULL'AIUTO ALLE AREE SOTTO-SVILUPPATE Minuta di una lettera ai Signori Presidenti delle Associazioni Bancarie dei Paesi del M.E.C. proposta dal dr. [Testo: Raffaele Mattioli pagine 1-12 ] T R A D UC T I ON SUR L'AIDE AUX PAYS " SOUS-DEVELOPPES " Ebauche d'une lettre à Messieurs les Présidents des Associations Bancaires des pays du M.E.C. proposée par le Dr. l. Raphaël Mattioli Le problème des pays que l'on appelle " sous-développés" - et nous allons voir pourquoi je dis: " que l'on appe.lle" est à la mode depuis un certain temps déjà. La bibliographie sur la question mémoires, rapports, articles, etc.) (livres, s'est opuscules, " sur-développée " d'une manière impressionnante. Vous comprenez donc que je ne me soucie pas de croître, l'ac parce que - en ce cas également - la quantité - à ce qu'il me semble - a agi au détriment de la qualité. En effet, l'argument se prête trop bien aux pleurnichan tes homélies des humanitaires, aux revendications aigries de tous ceux qui se croient opprimés ou exploités, aux exercices tautolo giques des économistes, aux projets pyrotechniques des financiers en vacances, aux hypothèses apocalyptiques des statisticiens et aux desseins utopiques des réformateurs universels. Elle sert trop bien à prêter son appui pseudorationnel au ressentiment des uns, et une justification pseudo-historique à la vanité et à l'arrogance des autres. La constatation évidente qu'il n'existe pas de pays complètement développés et d'autres pays complètement sous-dé veloppés, mais que chaque pays a des zones plus avancées que d'autres, des secteurs plus prospères et plus efficients que d'autres, des ressources disponibles en mesure très différente, qu'il jouit de privilèges qui se perdent petit à petit et a connu des occasions perdues ou manquées (à la rigueur on pour rait appliquer à tous les pays le sarcasme lancé sur ces répu bliques de derrière l'Amérique elles " ) disais-je, Latine même qui cette " ont un si constatation grand avenir élémentaire, n'a pas suffi à rompre le schéma binaire habituel et à reconduire l'attention sur le noyau de la diatribe. Une autre vérité évidente, qui intègre la première - je dirai mieux: qui en est la traduction en termes dynamiques - - II - n'a pas réussi davantage à nous ramener sur le plan de la réa la constatation que tous les pays sont susceptibles de lité: développement, que tous sont appelés sans aucun doute à faire de nouveaux progrès, et qu'il n'est point du tout certain que les plus " arriérés" soient ceux qui feront les progrès les plus re marquables: pays le en ce sens on a pu parler des Etats-Unis comme du plus sous-développé, tandis qu'un traité quelconque d'anthropologie nous décrit des sociétés primitives fermées dans leur perfection immobile et satisfaite. Enfin, aucun doute n'a surgi sur l'énoncé correct du problème du fait symptomatique de sa " politicisation " , c'est à-dire de son passage du plan de la technique et du progrès social au plan de la rivalité et de la concurrence entre les deux plus grands " empires" du monde, - un plan sur lequel la profonde exi gence historique qui le fait naître se transforme en un autre gigantesque .duel entre les deux blocs opposés, et le terrain destiné à édifier un avenir meilleur se transforme en un nouveau champ de bataille. Le plus urgent, par conséquent, c'est - me semble-t-il 2. d'essayer d'encadrer le problème dans ses termes historiques, c'est-à-dire dans la perspective des évènements dont il a tiré son origine, sans se perdre dans le dédale des remèdes spécifi ques " excogités " pour l'éluder. Il faut donc le formuler comme un problème de notre monde et de notre moment historique, s'attarder à des théories abstraites développement économique, sans je dirais fictives - du sans nous soucier de ce que sont les " devoirs" ou les " possibilités" des pays plus développés et sans nous laisser prendre par aucun sentimentalisme à l'égard des malheureux et des parias, tion face de la à la misère. ni par des angoisses à répéti marée croissante C'est seulement des victimes lorsqu'on de la faim aura reconnu et dans le problème des régions sous-développées l'aboutissement de toute l'histoire économique moderne qu'on pourra l'acheminer vers une solution concrète et durable. espérer Il est donc indispensable de faire un pas en arrière d'environ deux siè cles. - III - Notre monde économique est né - chacun le sait - avec la révolution industrielle, c'est-à-dire avec une série de découvertes scientifiques qui ont imposé une profonde trans formation des méthodes de production, ont modifié rapidement les rapports entre capital et travail et ont déterminé des chan gements substantiels dans la distribution du produit et jusque dans " l'architecture" de la société. La même formule est vala ble pour toutes les phases successives: en réalité, lution industrielle n'est jamais finie, elle ne s'est jamais arrêtée; au contraire, alimentée continuellement par de nou velles inventions et découvertes, série de la révo bouleversements, de elle a provoqué toute cette conflits et de développements révolutionnaires qui ont caractérisé 1'histoire du XIX8 siècle. Parmi ceux-ci, il en est deux qui méritent une attention particulière: tard, la formation aux Etats-Unis, en Europe occidentale, de vastes prolétariats, conscients de leur condition et de leur force; et, plus toujours plus et la reprise du colonialisme qui accrochait aux marchés européens les masses amorphes d'une grande partie de l'Asie et de l'Afrique. Les deux phénomènes sont liés et interdépendants: le développement de l'un a permis et-j'oserais dire - provoqué l'expansion de l'au tre. Les hommes d'Etat du XIX8 siècle n'ont pas attendu Toynbee et ses théories sur le " prolétariat" interne et externe, pour favoriser parallèlement, dans leurs pays, la multiplication des industries dévoratrices de matières premières et génératri ces de masses d'ouvriers qui, arrachés à la terre, devaient être nourris par l'importation, et au delà des mers, l'élargisse ment des marchés coloniaux et quasi-coloniaux, fournisseurs de céréales, de viandes, de grains et de feuilles aromatiques et consommateurs de cotonnades, d'instruments ou de machines élé mentaires et de soi-disant " services" . Sur ces nouvelles bases, naissait un système d'échanges extrêmement profitable et fécond, précaire, mais dont l'équilibre était puisqu'il était miné par une contradiction interne entre ses moyens et ses résultats: d'un côté, il portait à un renforcement des pays industriels et donnait ainsi une poussée nouvelle à leur progrès technique dans toutes les directions, - IV - en augmentant leur écart vis-à-vis des pays arriérés, laissés ou même repoussés en arrière sur la voie de l'industrialisation; de l'autre côté, il attirait ces pays arriérés dans la communauté spirituelle et économique des plus avancés: d'une façon directe, grâce à la plus grande fréquence d'échanges et de contacts et, d'une façon encore plus crue, par les marchés internationaux de matières premières et de denrées, au moyen desquels les crises et les dépressions des pays industrialisés se répercutaient avec une violence catastrophique sur les économies plus fai bles et plus pauvres; et de façon indirecte, grâce à 1'accéléra tion incroyable des du processus d'amélioration des transports, communications et de la reproduction mécanique de la parole et des images. Cette 4. sive précarité, contenue dans l'extension progres- de la civilisation et de l'hégémonie européenne sur le reste du monde, cette faiblesse dialectique interne du proces sus dont elle était le ressort propulsif, un élément corrosif et explosif, nouveauté, ni était restée, mais, en même temps, n'était certainement pas une non plus, cachée aux yeux des cri tiques les plus intelligents et pénétrants du colonialisme au XVIIIe siècle. L'abbé expression classique: Galiani en donnait déjà, en 1772, une " mon avis est de continuer nos ravages aux Indes, tant que cela nous réussira, sauf à nous retirer quand nous serons battus. détrompez-vous. Il n'y a pas de commerce lucratif au monde: Le seul bon est de troquer des coups de bâtons qu'on donne contre des roupies qu'on reçoit. du plus fort " . C'est le commerce Continuons donc, tant que nous sommes les plus forts. Mais ne nous leurrons pas en croyant que ces " échanges" soient conformes aux lois de la nature, soient bénis et sancti fiés par les théoriciens de l'économie, ni qu'ils puissent durer éternellement. Moins de trente ans plus tard, Fichte, au début de son petit traité sur " l'Etat commercial fermé" - dont on s'est trop facilement moqué - se posait la même objection: les rapports commerciaux entre 1'Europe et les autres continents qui lui per mettent de s'approprier leurs ressources et produits sans, de - v - son côté, fournir une contre-partie qui soit d'une façon quel conque en rapport, sont contraires au droit et� l'équité. Même les Etats européens qui ont une balance commerciale déficitaire vis� -vis des autres Etats européens participent � ce saccage collectif du reste du monde, en tirent profit et restent dans la communauté européenne dans l'espoir d'en obtenir un avan tage encore plus grand. Il est clair que cela ne peut durer, mais si quelqu'un objecte: " jusqu'ici ce rapport a duré et aujour d'hui encore la sujétion des colonies et des esclaves dure et durera tant que nous vivrons; laissez-nous donc en tirer profit tant que cela dure. Ce sera l'affaire de l'époque où ce système tombera en morceaux de voir comment s'en tirer" , - Fichte admet qu'il ne peut répondre. Tout comme Galiani il reconnai t la précarité d'une situation injuste, et, comme Galiani, il ren voie la question � la postérité. 5. Or, cette postérité c'est bien nous. La poussée du progrès scientifique et de l'accroissement du pouvoir politique des Etats européens a été telle que - pendant tout le XIX8 siècle, en dépit de brèves crises qui auraient dû servir d'alerte --l' exploi tation coloniale des pays d'outre - mer et l'industrialisation sur des bases capitalistes des pays de l'occident européen ont continué et se sont accrues. A ces pays se sont joints, vers la fin du siècle, le .Japon, d'un côté, et les Etats- Unis, de 1'autre. Entretemps, la tension interne se faisait toutefois plus forte et ne se relâchait qu'avec l'explosion de la première guerre mondiale, laissant, au moins, ce résultat positif: que, depuis lors, le problème des pays sous-développés s'est imposé �la conscience européenne et n'a plus pu être évité, ni renvoyé, et a dicté des solutions immédiates, approximatives et frisant l'hypocrisie - la conversion des colonies en " mandats" -, mais qui représentaient pourtant le traditionnel hommage du vice �la vertu, l'hommage du pouvoir du plus fort�la nécessité dé sormais reconnue, dans l'intérêt de tous, d'abandonner la di vision entre pays arriérés et pays civilisés pour la remplacer par une formule de collaboration ouverte � tout le monde, diatement ou � distance de quelques années. immé - VI - Le mouvement ainsi amorcé se poursuivait dans la période entre les deux guerres, soit à travers la politique de décolonisa tion adoptée par l'empire britannique, la voie des " dominions" , nomes, qui s'acheminait vers des républiques, des royaumes auto des protectorats et de quelques colonies survivantes, soit grâce à la croissante opposition de l'opinion publique mon diale à toute nouvelle conquête coloniale, soit à l'aide d'ac cords visant à stabiliser les prix de quelques matières premières (bien que souvent ces derniers fussent unilatéraux et tendant à conserver les anciens monopoles) , soit par une vigoureuse re prise des investissements (bien que concentrée, en grande par tie, dans les zones pétrolifères) dans certains pays parmi les plus primitifs, soit, enfin, avec les efforts déployés un peu partout - en Israël, en Russie, au Mexique et à Porto Rico - pour relever rapidement une économie qui était restée à un niveau élémen taire jusqu'à atteindre celui des régions les plus Malheureusement, 6. essayait d'adoucir, recherche par ce moyen, on se reformaient plus fortes que jamais. La scientifique, les tensions que, avancées. stimulée également par des raisons qui étaient bien loin d'être " idéales" , telles que la convoitise de profits industriels multipliés, ou le perfectionnement d'ar mes toujours plus meurtrières, rizons de la production: amplifiait énormément les ho de nouvelles sources d'énergie, de nouveaux remèdes qui altéraient les tables séculaires de la mortalité, de nouveaux produits artificiels ou synthétiques, meilleurs que les naturels, de nouveaux moyens de communication et de transmission qui annulaient pratiquement les distances et portaient, d'un seul coup, des nations entières dans les mi lieux de leurs métropoles plus avancées, rapetissaient et ré volutionnaient la terre en multipliant ainsi et en comprimant la charge explosive toujours latente dans l'union de produc tion et de recherche scientifique. La deuxième guerre mondiale posait à nouveau, la forme la plus aiguë, nements - le problème qui, et dans à la lumière des évè renforcés par les calculs des statisticiens démo graphiques - , se révélait alors comme le problème de la survi- - VII - vance possible du genre humain sur la planète Terre, le problème numéro un de notre génération. Là où il paraissait plus urgent, dans l'Europe ravagée par la guerre, il était saisi à bras le corps par le Plan Marshall qui parvenait à remettre sur pied des régions qui étaient devenues brusquement sous-développées à cause des blessures reçues et à les reporter en première ligne, parmi les plus développées. " Nothing succeeds like success". Les résultats heureux du Plan Marshall suggéraient de l'étendre " mutatis mutandis" à d'autres régions du globe - Point 4 du Président Truman - alors que les résultats des plans de pro duction en Russie et en d'autres Etats indiquaient l'utilité de cet autre instrument pour diriger et faciliter le dévelop pement économique. plus avancés, En même temps, dans les pays relativement les nouveautés de la technique ravivaient les frictions habituelles à toute période de développement rapide. Des installations non encore amorties se révélaient dépassées et obsolètes. Les pays en train de se pourvoir d'un équipement industriel demandaient uniquement, comme il est naturel, des machines et des instruments dernier cri de la technique. Des marchés traditionnels disparaissaient du jour au lendemain et les débouchés industriels pour certaines matières premières, considérées indispensables au cours des siècles - hier le sel, la soie, le soufre; le pétrole, aujourd'hui le charbon, les métaux précieux - demain peut-être se rédui saient d'une façon inquiétante. Moins apparente, peut-être, mais non moins réelle, la crise des " prolétariats" internes: la phase actuelle de prospé rité ne dait pas nous faire oublier à quel point leur situati on est précaire - encore une fois précaire - pris comme ils sont entre le marteau de la technique de la production, des marchés toujours plus vastes, qui consent, de mauvais gré, qui exige et l'enclume de la politique qu'on baisse ou qu'on supprime certaines barrières entre quelques zones limitées (et politi quement d'autres solidaires) de dans les pays l'Occident, tandis qu'elle en érige d'outre-mer pour sauvegarder l'auto nomie d'entités politiques et économiques à peine créées ou réso lues à croître plus rapidement qu'elles ne l'ont fait jusqu'ici. - VIII - · Les Gouvernements, facile, à leur tour, ne sont pas dans une situation puisqu'ils ont tous des régions moins développées chez eux et voient menacée l'opulence de celles plus développées pendant qu'ils sont tiraillés dans des directions opposées par la nécessité évidente de venir en aide et de valoriser celles d'outre-mer délaissées aussi évidente, jusqu'à présent, et par celle, tout de concentrer les efforts et les ressources pour protéger ou augmenter la prospérité de leur propre pays. Il est évident, comme, d'ailleurs, donc, que le problème doit être posé il se pose de par lui-même avec une énergie péremptoire - non pas comme un problème des pays sous-développés, mais comme le problème des pays à l'avant-garde du progrès éco nomique: de ces pays qui, par le jeu de forces que j'ai évoqué, voient le milieu dans lequel ils ont agi jusqu'ici - " die Welt ist mein Feld" , disait Ballin - changer sous leurs yeux: voient disparaître des marchés, nement, pulluler des concurrents, tions et des machines, ou des se fermer des sources d'approvision centaines de se rouiller des installa s'agiter des millions de travailleurs millions de consommateurs-producteurs potentiels, c'est-à-dire qu'ils voient s'altérer radicalement leurs propres possibilités de vie et de travail et doivent, par conséquent, s'adapter se à mettre la à nouvelle reconstruire situation - un ou autre " monde" pour bien réduire leurs propres dimensions et s'étioler. Les appels, les insistances,. les querelles indiscrètes des pays ''arriérés '' servent à mettre mieux en lumière, un jour plus cru, qu'ils soient, nolent, cette situation. Mais, sous pour retentissants et bien qu'utiles pour réveiller ceux qui som ils ne suffisent pas à changer la situation, ils ne suffisent pas à rendre bilatéral un problème qui est dans son essence unique et total - et à la solution duquel, évidemment, ces pays ne peuvent apporter au premier abord qu'une aide pas sive, 7. faite d'acquiescement et de bonne volonté. Voilà pourquoi j'ai parlé - dans une autre occasion - du " paradoxe des régions sous-développées" : paradoxe, soit parce que le problème touche et angoisse d'abord les régions plus dé- - IX - veloppées qui doivent s'efforcer d'élever à leur niveau toutes les autres si elles veulent conserver leur rang, que, d'un côté, soit, parce il leur impose un accroissement continuel de leurs activités de recherche et de leur outillage - c'est-à-dire, il leur impose de se " développer toujours plus" - et, tre, de l'au de se mettre idéalement sur le même plan que les " pays ar riérés " et, pour pouvoir collaborer avec eux, s'aligner de quelque façon sur leur mentalité, sur leurs méthodes et sur leur point de vue. En d'autres termes: la première enquête à faire concerne nous autres " les développés" : il faut établir jusqu'à quel point nous sommes aiguillonnés par notre propre progrès technique et par les forces qu'il éveille dans notre société, mer nos systèmes à transfor de production et nos propres institutions. C'est en fonction de cette nécessité qu'il faudra voir ensuite de quelle manière on peut aider efficacement le progrès coor donné des pays moins développés, et également de ceux que notre "développement" accéléré pourrait repousser parmi les arriérés. Naturellement, il faudra alors se préoccuper également de la manière de maintenir le contrôle sur les initiatives que l'on mettra en oeuvre pour développer les autres zones, et qui auront, pour la plupart, les caractères et les dangers de toutes les " affaires en société ou en participation " . Je n'ai aucune prétention d e devancer les résultats de cette enquête, mais il me paraît évident que la structure même de la société, dans les pays les plus développés, ne peut survivre intacte aux tensions déchirantes qui se produisent en elle. Il me semble que, en définitive, tout programme d'in dustrialisation des pays sous-développés exige de renouveler "ab imo" les principes et les valeurs dont s'inspirent encore nos institutions fondamentales. Il n'y a pas de raison de s'ef frayer de ces postulats de réforme implicites dans un plan qui se propose de défendre l'ordre établi ou, tout au plus, de l'as surer contre le danger de revirements plus graves. Toute période de développement économique rapide - depuis celle qui suivit la colonisation des Amériques jusqu'à celle déclenchée par la révolution industrielle - a été accompagnée par des agitations - x - profondes de la société, par l'affirmation de nouvelles classes et par le bouillonnement d'aigres ferments. L'extension à tout le globe d'un seul système écono mique intégré, la mise en valeur de toutes les ressources terres tres de l'agriculture et des mines, des capitaux et des hommes, des méthodes techniques, est une entreprise d'une envergure telle qu'elle comporte nécessairement des agitations locales, des résistances désespérées et des secousses d'une violence sismique. 8. Mais c'est seulement ainsi, " in toto", que le problème peut être affronté. Les projets d'installer une nouvelle in dustrie ici, ou de construire une digue là, ou d'ouvrir une mine sous ces montagnes, blir une plantation ou un canal entre ces deux mers, dans cette steppe, nes ou de mauvaises affaires, peuvent être de bon mais ce ne sont pas des apports valables pour la solution du problème. tations et pui.ts, Digues et canaux, plan on en a toujours fait et on en fera toujours, avec des résultats plus ou moins satisfaisants, tres finalités, ou d'éta mais avec d'au sans entamer en rien le problème fondamental. Dans de nombreux cas il est arrivé que ces ouvrages gigantes ques ont blessé d'une fois, la susceptibilité des indigènes, qui, poussés par le ressentiment et l'envie, les ont arrachés par la force aux propriétaires et aux usagers à leur tour, corruption, quelquefois, avaient arraché, plus (qui, par la force ou la les concessions nécessaires). L'histoire récente nous offre des leçons par douzaines sur la façon de ne pas agir si l'on veut sérieusement faire quel que chose de profitable à tout le monde et de durable. arrive ainsi, par exclusions successives, Et l'on à se rendre compte que le problème des pays " sous-développés" - si l'on reconnaît que, dans chaque pays, il y a, à tout moment, des zones moins dé veloppées que d'autres - doit être considéré comme le problème de " l' e:xploitation globale du globe ". Les facteurs qui apparaissent comme des idées abstrai tes dans les théorèmes des économistes - les facteurs classi ques de la production: le travail, la terre, le capital, etc. - - XI - revêtent ici une physionomie concrète, numériquement définie: tant de bouches à nourrir, tant de bras à la charrue, tant d'hec tares de terre de telle ou telle autre qualité, disponible pour chaque période considérée et, tant d'épargne en plus, la for midable inconnue des nouveaux apports présumables de la science et de la technique. Ce n'est peut-être pas encore le moment d'envisager un plan mondial de développement et, en tout cas, il ne s'agira pas d'un plan " quinquennal" , mais d'un demi siècle au moins. Pourtant, l'approche immédiate ne peut être différente de celle du banquier qui, ayant évalué les ressources - actuelles et potentielles dont il peut disposer, plus profitables, choisit entre les emplois possibles les les moins hasardeux, ceux qui s'accordent le mieux avec les emplois déjà effectués et avec les tendances déchiffrables du progrès économique. Toutefois, la di vergence commence à se faire sentir sitôt que l'on passe d'une considération de métier à un point de vue plus profondément humain. Tandis que les banquiers et les capitalistes visent au profit de chaque affaire et attribuent un poids décisif à la comparaison des taux de bénéfice qu'elles offrent individuellement, un programme rationnel de développe ment des régions arriérées doit se dégager du barème des ren dements individuels et immédiats (si on l'acceptait ce serait abdiquer, tuation en principe, de fait) le " grand dessein " et substituer au de modifier la si mécanisme des soi-disant forces naturelles du marché, une impulsion dynamique qui puisse secouer les endormis, fessionnels, faire rougir de honte les mendiants pro faire marcher les paresseux, relever les épuisés et accompagner les vaillants, - et non parce que cela répond au commandement de la charité chrétienne, mais parce que notre destinée est liée à la leur. Il n'y a pas de place dans tout cela pour des complexes 9. d'infériorité, s'agit de ou de fautes à expier, réaffirmer de l'Occident. notre il fidélité aux traditions communes Aucune arrogance, tion claire de notre intérêt. bien au contraire, Et, d'autre part, surtout, mais la percep aucune peur, ni des - XII - concurrents possibles, ni des réactions imprévisibles des peu ples qui sont sollicités si énergiquement à entrer finalement dans l'Histoire, dans notre Histoire. Un corollaire immédiat découle de cette première con clusion et condition préalable: le problème - actuel et brû lant - n'est absolument pas de la compétence exclusive ni des pays liés au M. E. C. , ni, et bien moins encore, de leurs Asso ciations bancaires. Il est sans nul doute un problème avant tout écono mique, et il a - il faut l'admettre - certaines caractéristiques qui appartiennent à la technique bancaire, mais il dépasse de loin les possibilités des systèmes bancaires - isolément ou associés - et exige des décisions et des mesures à l'échelle mondiale: miques, décisions et mesures qui sont, mais dans le sens le plus large, elles aussi, écono c'est-à-dire qu'elles doivent pouvoir se placer dans le cadre d'un programme ration nellement complet visant au progrès technique, nistratif, politique de toute l'humanité, civil, admi en commençant, na turellement, par les pays qui, conscients de leur intérêt, ac ceptent la responsabilité d'une entreprise aussi vaste. Les pays du M. E. C. se trouvent, par ailleurs, les uns par l'expérience acquise dans les " colonies" , la réalité de leurs les autres pour " territoires d'outre-mer" et tous parce qu'ils ont toujours favorisé et stimulé les contacts avec les peuples les plus primitifs des deux hémisphères, dans la con dition singulière de " sentir" le problème très vivement et, par tant, de pouvoir inviter avec quelque autorité les autres, sur tout les anglais et les américains, à porter le poids décisif de leur collaboration au plan de développement envisagé. Ce plan, enfin, devrait arriver à embrasser également les rapports avec les pays du bloc communiste - qui doivent déjà résoudre le problème chez eux, avec des difficultés de démarrage peut-être moins graves que les nôtres - et fournir ainsi des raisons pra tiques pour passer de la "coexistence" à la collaboration. 10. " Hoc est in votis" . Mais, que pouvons-nous conclure? . . . en ce moment et en ce lieu, - XIII - Peut- être seulement une rectification du tir. Mais il est toujours bon de ne pas gaspiller les munitions. lage serait double si le tir au hasard touchait, Le gaspil ou simplement effrayait les " nôtres" . Laissons donc de côté, pour le moment, les exercices sur les financements et les pré-financements, sur les crédits à " moyen" et à " long" terme à l'exportation, sur la libération unilatérale, bilatérale ou plurilatérale des échanges avec les pays " arriérés", sur les ressources à mo biliser, sur les garanties aux capitaux exportés, les autres débats de ce genre, Comités, chaque ressort de notre métier: dre, dont s'amusent Commissions et avec les résultats que l'on sait. les complications de affaire en Les difficultés et particulier sont du nous devons les étudier et les résou chacun de nous selon ses propres capacités, ses moyens. L'enquête et sur tous à amorcer est autre: ses énergies, " en quel sens et dans quelle mesure l'économie des pays qui se sont maintenus jusqu'ici à l'avant-garde du développement économique tend elle à se transformer". De cette première découle, par néces sité logique, une seconde question: " En quel sens et dans quelle mesure peut-on et doit-on favoriser, en fonction des tendan ces constatées dans les pays plus évolués, progrès dans l'économie et la l'organisation, civilisation, le l'intégration complète dans une " Weltwirtschaft" équilibrée et agressive, des pays sur lesquels pèsent encore les ombres de l'époque coloniale ou, pis encore, Milan, les ténèbres d'un primitivisme barbare " . le 1 6 Mai 1960. T E S T O SULL'AIUTO ALLE AREE SOTTO- SVILUPPATE Minuta di una lettera ai Signori Presidenti delle Associazioni Bancarie dei Paesi del M.E.C. proposta dal dr. Raffaele Mattioli Il l. - vedremo problema porti, dell'argomento articoli etc.) sionante. aree " cosiddette" perchè bibliografia delle si è - cosiddette è (libri, di sottosviluppate moda da un opuscoli, sovra- sviluppata in pezzo. memorie, modo Non può quindi non· repugnare accrescerla, chè una volta di più la quantità è andata, La rap impres anche per mi sembra, a scapito della qualità. Troppo bene il tema si presta alle flebili omelie degli umanitari, alle acide rivendicazioni di chi si crede op presso o sfruttato, nomisti, alle alle tautologiche esercitazioni degli eco pirotecniche proposte di alle apocalittiche ipotesi proiezioni dei finanzieri a spasso, degli statistici e alle utopiche riformatori universali. Troppo bene serve a prestare un fondamento pseudo- razionale al risentimento degli uni e una giustificazione pseudo- storica alla vanità e sicumera degli altri. Nemmeno l'ovvia constatazione che non ci sono paesi del tutto sviluppati e altri sottosviluppati, ha zone più progredite di altre, ficienti di altri, ma che ogni paese settori più prosperi e più ef risorse disponibili in diversissima misura, e conosce primati perduti o in via di perdersi e occasioni man cate o fallite - a tutti i paesi a rigore può applicarsi il sar casmo lanciato su alcune repubbliche latino- americane, che " hanno un così grande avvenire dietro di sè" - , nemmeno questo elementare canone interpretativo è bastato a rompere lo schema binario abituale e a ricondurre l'attenzione sul nocciolo della diatriba. Nè è valsa a riportarci sul piano della realtà l'altra palese verità - integrativa della prima, o meglio traduzione dinamica di quella statica constatazione di fatto, i paesi sono suscettibili di sviluppo, - che tutti tutti sono sicuramente chiamati a far nuovi progressi, e non è detto assolutamente che i - 2 - più " arretrati" sian quelli cui toccheranno i progressi plu cospicui: in questo senso si è potuto parlare degli Stati Uniti come del paese più sottosviluppato che ci sia, mentre un qual siasi trattato d'antropologia ci descrive società primitive chiuse in una loro immobile e soddisfatta perfezione. E nemmeno ha suscitato dubbi sulla retta impostazione del problema il sintomatico indizio della sua " politicizza zione ", ossia della sua traduzione dal piano della tecnica e del progresso sociale al piano della rivalità e concorrenza tra i due maggiori " imperi" del mondo, un piano cioè sul quale l'alta esigenza storica che gli dà vita si converte in un'altra gigantesca tenzone tra i due blocchi contrapposti, e l'area destinata a edificarvi un miglior futuro in un ennesimo campo di battaglia. La prima cosa da fare, 2. dunque, mi sembra sia di tentare una messa a fuoco del problema nei suoi termini storici, ossia nella prospettiva dei suoi precedenti e delle vicende da cui è sorto, senza perdersi nella selva dei rimedi specifici esco gitati per girarvi attorno; e di porlo quindi come un problema del nostro mondo e del nostro momento storico, senza indugiare in ::tstratte, o meglio fittizie teorie dello sviluppo economico, senza preoccuparci di quelli che sono i " doveri" o le " possi bilità" dei paesi più sviluppati, e senza lasciarsi prendere da sentimentalismi verso i derelitti e gli affamati nè da ricor renti angosce di fronte alla crescente marea di famelici dise redati. Solo riconoscendo nel problema delle aree sottosvilup pate l'aboutissement di tutta la storia economica moderna si può sperare di avviarlo verso una soluzione concreta e durevole. E' quindi indispensabile fare un passo indietro d'un paio di secoli. 3. Il nostro mondo economico nasce, la rivoluzione industriale, scientifiche che impongono metodi della produzione, come sappiamo, con ossia con una serie di scoperte una profonda trasformazione dei alterano rapidamente i rapporti tra capitale e lavoro e determinano cambiamenti sostanziali nella distribuzione del prodotto e anche nell'architettura della - 3 - società. La stessa formula vale per tutte le fasi: la rivoluzione industriale non è finita mai, mata, e, perte, in realtà, non si è mai fer alimentata continuamente da nuove invenzioni e sco ha provocato tutta quella serie di rivolgimenti, di con flitti e di sviluppi rivoluzionari che han caratterizzato la storia dell'Ottocento. Tra questi, due meritan particolare formazione nell'Europa Occidentale, attenzione: e poi negli Stati Uniti, la di vasti proletariati, sempre più coscienti della loro condizione e della loro forza; e la ripresa del colonialismo, che aggan ciava ai mercati europei le masse amorfe di gran parte dell'Asia e dell'Africa. I due fenomeni sono connessi e interdipendenti: lo sviluppo dell'uno ha permesso e, latarsi dell'altro. Nè gli uomini hanno dovuto attendere Toy nbee, tariato" esterno ed interno, in patria, il direi, provocato, politici il di dell'Ottocento e le sue teorie sul " prole per promuovere parallelamente, moltiplicarsi delle industrie divoratriei di materie prime e creatrici di plebi non più agricole che dove vano esser alimentate, e, al di là dei mari, l'allargamento dei mercati coloniali e quasi-coloniali, fornitori di cereali, di carni e di bacche e foglie aromatiche, e consumatori di co di strumenti e macchine elementari e dei cosiddetti tonine, servizi. Su queste nuove basi si stabiliva un sistema di scambi estremamente lucroso e fecondo, cario, ma il suo equilibrio era pre perchè minato da una contraddizione interna tra i suoi mezzi e i suoi risultati: zamento dei paesi da un lato esso portava a un raffor industriali, e dava quindi un'ulteriore spinta al loro progresso tecnico in tutte le direzioni aumen tandone il distacco dai paesi arretrati, respinti l'altro, indietro nella via lasciati o addirittura dell'industrializzazione; dal attraeva quei paesi arretrati nella comunità spiri tuale ed economica dei più progrediti, direttamente mediante la maggior frequenza di scambi e di contatti e, gior crudezza, con anche mag mediante i mercati internazionali delle materie prime e delle derrate attraverso i quali le crisi e le depres sioni dei paesi industrializzati si ripercotevan con rovinosa - 4 - violenza sulle economie più deboli e più povere; mente, con e, indiretta l' incredibile accelerazione del secolare processo di miglioramento dei trasporti, delle comunicazioni e della riproduzione meccanica di scritti ed immagini. Questa precarietà insita nella progressiva estensione 4. della civiltà e dell' egemonia europea al resto del mondo, questa interna debolezza dialettica del processo, propulsiva, ma insieme un era davvero una novità nè, di cui era molla agente corrosivo ed esplosivo, certamente, non era rimasta oscura agli occhi dei critici più aperti e acuti del colonialismo sette centesco. L' abate Galiani ne aveva dato fin dal 1772 una for mulazione classica: " mon avis est de continuer nos ravages aux I ndes tant que celà nous réussira, nous serons battus. détrompez- vous. qu' on donne, sauf à nous retirer quand I l n' y a pas de commerce lucratif au monde; Le seul bon est de troquer des coups de baton contre des roupies qu' on reçoit. du plus fort ". Continuiamo, dunque, C' est le commerce fin che siamo i più forti; ma non ci illudiamo che questi "scambi" sian conformi alle leggi della natura, l' economia, sian benedetti e santificati dai teorici del nè che possan durare in eterno. Meno di trent' anni dopo, Fichte, sulla soglia di quel suo troppo facilmente deriso trattatello sullo Stato Commer ciale Chiuso, si poneva la stessa abbiezione: i rapporti com merciali tra l' Europa e gli altri continenti, per cui essa si appropria le loro risorse e prodotti senza fornire da parte sua una contropartita anche lontanamente adeguata, al diritto e all' equità. sono contrari Persino gli stati europei che hanno una bilancia commerciale deficitaria rispetto agli altri stati europei, partecipano di questo saccheggio collettivo del resto del mondo, ne traggon vantaggio e restan nella comunità europea nella speranza di trarne un vantaggio anche maggiore. E' certo che ciò non può durare, ma se uno abbietta: "Finora questo rap porto è durato, finora dura la soggezione delle colonie e il traffico degli schiavi, e durerà finchè campiamo. Lasciate dun que che ne traiamo profitto fin che dura: toccherà all' epoca in cui questo sistema non reggerà più di vedere come cavarsela", - 5 - Fichte ammette che non ha una risposta da dargli. Come Galiani riconosce la precarietà d' una situazione ingiusta, e come Ga liani rinvia la questione ai posteri. Ora, 5. quei posteri siamo noi. La spinta del progresso scientifico e del crescente potere politico degli stati europei era tale che per tutto l' Ottocento continuava e s' allargava - nonostante brevi crisi ammonitrici - lo sfruttamento colo niale dei paesi d' oltremare e l' industrializzazione su basi capitalistiche dei paesi dell' Occidente, gevano, verso la fine del secolo, Stati Uniti dall' altro. vano, ai quali si aggiun il Giappone da un lato, e gli Le tensioni interne però si accresce e trovavano un primo sfogo violento nella prima guerra mondiale, tra i cui risultati positivi è da annoverare questo: che da allora il problema dei paesi sottosviluppati si è imposto alla coscienza europea e non ha più potuto essere eluso nè pro crastinato, e ha dettato soluzioni immediate approssimative e insincere - conversione delle "colonie" in "mandati" - che rap presentavano però il tradizionale omaggio del vizio alla virtù , l' omaggio del superstite potere del più forte alla riconosciuta necessità, nell' interesse di tutti, di superare la divisione di paesi arretrati e progredì ti per sostituirle una formula di col laborazione aperta a tutti, L' avvio così guerre, subito o a distanza di pochi anni. dato era seguito nel periodo tra le due sia con la decisa " decolonializzazione " dell' impero britannico, avviato a trasformarsi in comunità di dominii, repubbliche e di regni autonomi, di di protettorati e di poche residue " colonie", sia con la più recente opposizione dell' opi nione pubblica mondiale ad ogni nuova conquista coloniale, sia con gli accordi (per quanto spesso unilaterali e monopolistici) per stabilizzare il prezzo di alcune materie prime, vigorosa ripresa degli investimenti sia con una (per quanto limitati in gran parte alle aree petrolifere) in paesi tra i più primitivi, sia con gli sforzi fatti un po' sia, dappertutto, in Israele, in Rus in Messico e Porto Rico per sollevare rapidamente un' eco nomia rimasta a un livello elementare sino al piano delle aree pìù progredì te. - 6 - al Ma, 6. tempo stesso, le tensioni che in tal modo si cercava di lenire, si riformavano più forti che mai. La ri cerca scientifica, stimolata anche da moventi tutt' altro che "ideali", come l' ansia di maggiori lucri industriali e l' appre stamento d' armi sempre più micidiali, orizzonti della produzione: ampliava a dismisura gli nuove fonti d' energia, nuovi rimedi che alteravano le tavole secolari della mortalità, dotti artificiali o sintetici migliori dei nuovi pro naturali, nuovi mezzi di comunicazione e di trasmissione che annullavano prati camente le distanze e di colpo portavano intere nazioni nel l' ambito delle loro metropoli più evolute, rivoluzionavano la terra, moltiplicando rimpicciolivano e e comprimendo così la carica esplosiva sempre latente nel connubio di produzione e ricerca scientifica. La seconda guerra più acuta il problema, venimenti, grafici, mondiale riproponeva che appariva ormai, convalidati dai calcoli nella forma alla luce degli av degli statistici demo come il problema della possibile sussistenza del ge nere umano sul pianeta Terra, il problema numero uno della nostra generazione. Dove appariva più urgente, guerra, esso era affrontato il Piano Marshall, nell' Europa devastata dalla con tempestiva lungimiranza con che riusciva a risollevare aree divenute bruscamente "sotto- sviluppate" per traumi sofferti, e a ripor tarle in prima linea tra le più " sviluppate". Nothing succeeds like success. estenderlo, I l buon esito del Piano Marshall suggeriva di mutatis mutandis, ad altre aree del globo - Quarto Punto del Presidente Truman - , mentre i risultati dei Piani po liennali, in Russia e in altri stati, indicavano l' utilità di quest' altro strumento per indirizzare e promuovere lo sviluppo economico. Al tempo stesso, diti, nei paesi relativamente più progre le novità della tecnica riacutizzavano gli attriti con sueti in ogni periodo di rapido svolgimento. cora i ammortizzati paesi in via naturalmente, di risultavan " superati " attrezzarsi e I mpianti non an obsolescenti. industrialmente E richiedevan, solo macchinario e strumenti che rappresentas- - 7 - sero l' ultima parola della tecnica. assorbimento sparivan Mercati tradizionali di repentinamente. E gli sbocchi indu striali per materie prime ritenute per secoli indispensabili, - ieri il sale, la seta e lo zolfo, oggi il carbone, domani forse il petrolio o i metalli preziosi - si contraevano in modo in quietante. Meno visibile, forse, " proletariati interni": ma non meno reale la crisi la fase attuale di prosperità non ci deve far dimenticare quanto " precaria " sia la loro situazione, dei ancora una volta - tra il martello della tecnica produt tiva che esige mercati sempre più vasti e l' incudine della po litica che a mala pena consente si abbassino o aboliscano al cune barriere in alcune limitate zone dell' Occidente, sidio (e politicamente solidali) mentre altre ne solleva oltremare a pre dell' autonomia di entità politico- economiche neonate o decise a crescer più rapidamente di quanto non abbiano fatto finora. Nè si trovano in una posizione comoda i Governi che, tutti, hanno delle zone meno sviluppate in casa propria, e vedon minacciata la opulenza di quelle più sviluppate, e sono ti raillés in opposte direzioni dall' ovvia necessità di soccor rere e valorizzare le aree derelitte d' oltremare e da quella non meno ovvia di concentrare gli sforzi e le risorse nel pro muovere o difendere la prosperità del proprio paese. E' chiaro, quindi, che il problema va posto, resto si pone da sè con perentoria drammaticità, problema dei paesi sottosviluppati, non come un ma come il problema dei paesi all' avanguardia del progresso economico: che, come del per il gioco di forze cui ho a�cennato, di quei paesi vedono cambiarsi sotto i loro occhi l' ambiente in cui hanno finora operato - Die Welt ist mein Feld, diceva Ballin -, chiudersi fonti d' approvvigionamento, vedono sparire mercati, pullulare concorrenti, arrugginirsi impianti e macchine, agitarsi milioni di lavoratori e centinaia di milioni di consumatori- produttori potenziali, ossia vedon mutarsi radicalmente le loro stesse possibilità di vita e di lavoro, e devon quindi provvedere a ricostruire un altro " mondo " per adattarsi alla nuova situazione, mensionarsi ed avvizzire. - o ridi - 8 - Gli appelli, le insistenze e le indiscrete querele dei paesi "arretrati" valgono a metter meglio in luce, evidenza, questa situazione. Ma, per quanto utili a svegliare i dormienti, quanto in più cruda clamorosi, per non bastano per trasfor mare la situazione, non bastan a render "bilaterale" un problema che è sostanzialmente unico e totale, quale, ovviamente, contributo passivo, E' 7. - e alla soluzione del essi non posson portare all' inizio che un di acquiescenza e di buona volontà. per questo che, in altro testo, radosso delle aree sottosviluppate": ho parlato del " pa paradosso sia perchè il problema riguarda ed angustia soprattutto le aree più sviluppate - che, se voglion mantenersi tali devon sforzarsi di portare al loro livello tutte le altre - sia perchè impone loro da un lato un continuo potenziamento delle proprie ricerche e delle proprie attrezzature - ossia di farsi sempre più "sviluppate" - , e dall' altro di porsi idealmente sullo stesso piano degli "arre trati" e, per poter collaborare con loro, modo alla loro mentalità, I n altre parole: adeguarsi in qualche ai loro metodi e ai loro punti di vista. la prima indagine da fare riguarda noi "sviluppati": bisogna stabilire fino a che punto siamo pre muti dal nostro stesso progresso tecnico e dalle forze che esso suscita nella nostra società a trasformare i nostri sistemi pro duttivi e le nostre stesse istituzioni. I n funzione di questa necessità si dovrà poi vedere come meglio promuovere lo svi luppo coordinato dei paesi meno sviluppati, e anche di quelli che il nostro più rapido "sviluppo" respingesse tra gli arre trati. E sarà necessario anche preoccuparsi del modo di mante nere il controllo sulle iniziative che si metteranno in opera per sviluppare le aree depresse, e che avranno per lo più il carattere e i pericoli di tutti gli "affari in sociale o in par tecipazione ". Senza alcuna pretesa di anticipare i risultati di que sta indagine, a me pare chiaro che la struttura stessa della società nei paesi più sviluppati non possa sopravvivere intatta alle laceranti tensioni che in essa si creano: tiva, quindi, e che in defini ogni proposito di industrializzare i paesi sot- - 9 - tosviluppati presupponga l' esigenza di rinnovare ab imo i cri teri e i valori cui ancora s' ispirano i nostri ordinamenti. Nè c' è da spaventarsi per queste implicanze revisionistiche di un piano che vuol essere difensivo dell' ordine costituito, contro assicurativo pì ù menti. pericolo il di più gravi o al rivolgi Ogni fase di rapido sviluppo economico - da quella con seguente alla colonizzazione delle Americhe a quella messa in moto dalla rivoluzione industriale profondi sommovimenti sociali, è stata accompagnata da dall' emergere di nuove classi e dal ribollire di acidi fermenti. L' estensione a tutto il globo di un unico, integrato sistema economico, di tutte le risorse terrestri, che, agricole, la messa in valore minerarie, tecnologi capitalistiche e umane è tale un' impresa che comporta ne cessariamente agitazioni locali, resistenze disperate e scosse di violenza sismica. M a è solo così , 8. frontato. i n toto, che i l problema può essere af- I progetti di fare una nuova industria qui, o una diga lì , o una miniera sotto quei monti, o un canale tra quei due mari, o una piantagione in quella steppa, tivi affari, problema. ma non sono i contributi validi alla soluzione del Dighe e canali, piantagioni e pozzi se ne son fatti sempre e sempre se ne faranno, ma con altri fini, mentale. posson essere buoni o cat con risultati più o meno buoni, senza scalfire nemmeno il problema fonda In molti casi, anzi, quelle grandiose opere pubbliche han ferito la suscettibilità degli indigeni, caso, spinti dal risentimento e dall' invidia, che in più d' un le han strappate con la forza ai propietari e agli utenti (i quali, a loro volta, in qualche caso avevan strappato con la forza o la corruzione le necessarie concessioni) . A dozzine la storia recente offre lezioni di come non si deve agire, se si vuol fare sul serio qual cosa di utile a tutti e di duraturo. E si arriva così , sioni successive, sottosviluppati, ha, per esclu a rendersi conto che il problema dei paesi o - quando si sia riconosciuto che ogni paese in ogni momento, aree meno sviluppate di altre - delle aree sottosviluppate, va inteso come il problema dello "sfruttamento globale del globo". - 10 - I fattori che figurano come concetti astratti nei teo remi degli economisti il lavoro, la terra, nomia concreta, mare, il capitale, ecc. - vi assumono una fisio numericamente definita: tante braccia alla vanga, data qualità, tempo i classici fattori della produzione: tante bocche da sfa tanti ettari di terra di ogni tanto risparmio disponibile per ogni periodo di considerato, più la formidabile incognita dei presu mibili nuovi apporti della scienza e della tecnica. A un piano mondiale di sviluppo, - e comunque non " quin quennale", ma "semi-secolare", - non è forse ancora il caso di pensare. Ma l' approach immediato non può esser diverso da quello del banchiere che, valutate le risorse, attuali e potenziali, di cui può disporre, sceglie tra i possibili impieghi i più frut tiferi, i meno rischiosi, quelli che meglio s' accordano con gli impieghi già effettuati e con le decifrabili tendenze del pro gresso economico. La divergenza comincia però a farsi sentire subito, appena si passa da una considerazione di mestiere a una visione di più alta umanità. Mentre il banchiere e il capitalista mi rano caso per caso al lucro, uti singuli, e danno un peso deci sivo al confronto dei saggi di profitti di valta in valta atte nibili, un programma razionale di sviluppo delle aree arretrate deve svincolarsi dal cieco bareme dei rendimenti singoli e im mediati - accettarlo vorrebbe dire abdicare in principio al fiero proposito di modificare la situazione di fatto - e sosti tuire al meccanismo delle cosiddette forze naturali del mer cato un impulso dinamico che valga a scuotere gli assopiti, sollevare gli esausti, ad accompagnare i volenterosi, a a far marciare gli ignavi e a far arrossire di vergogna i pitocchi, e non perchè questo sia il dettame della carità cristiana, ma perchè il nostro destino è legato al loro. Niente dunque complessi d'inferiorità o di colpe da 9. espiare, anzi un ribadito attaccamento alle tradizioni comuni dell' Occidente. Niente arroganza, visione del nostro tornaconto. nè dei possibili concorrenti, E, d' altra parte, soprattutto, ma la chiara niente paura, nè delle incognite reazioni delle - genti che vengono cosi ll - energicamente sollecitate ad entrare finalmente nella storia, nella nostra storia. Da questa prima conclusione e pregiudiziale discende un corollario immediato: il problema, attuale e scottante, non è assolutamente di competenza esclusiva nè degli stati legati al MEC, si, nè, tanto meno, delle loro associazioni bancarie. un problema anzitutto economico, teristiche tecnico- bancarie, ma possibilità dei sistemi bancari, ed ha, trascende di alcune carat gran lunga singoli ed associati, stula decisioni e misure su scala mondiale: anch' esse economiche, si, ma nel senso pi� E', le e po decisioni e misure lato, ossia tali che s' inquadrino in un programma razionalmente completo mirante al progresso tecnico, civile, amministrativo, politico di tutta l' umanità, a cominciare del loro interesse, naturalmente s' arrogan la dai paesi che, consci responsabilità di una cosi grande impresa. I paesi del MEC si trovan peraltro, alcuni per le loro esperienze "coloniali", altri per la realtà dei loro "territori d' oltremare", e tutti per aver sempre promosso e stimolato i contatti con le genti pi� primitive d' entrambi gli emisferi, nella condizione singolare di "sentire" il problema molto acu tamente, e di poter quindi autorevolmente invitare gli altri, gli inglesi e gli americani soprattutto, a portare il peso de cisivo della loro collaborazione al vagheggiato piano di svi luppo, che dovrebbe investire anche i rapporti con i paesi del blocco comunista - i quali già hanno da affrontare il problema in casa loro, con difficoltà di partenza forse meno gravi delle nostre - e darsi ragione della possibilità di passare dalla "con vivenza" alla "collaborazione". lO. Hoc est in votis. Ma, in questo momento, che cosa possiamo concludere? .. . Forse solo in questa sede, una "rettifica del tiro". Ma è sempre bene non sprecare munizioni. E sarebbe un doppio spreco se gli spari a vanvera colpissero, spaventassero, o anche solo i "nostri". Lasciamo quindi da parte, per ora, sui finanziamenti e i pre- finanziamenti, le esercitazioni sui crediti "medi" - 12 - e " lunghi" all' esportazione, sulla liberazione unilaterale, bilaterale o multilaterale degli scambi con i paesi "arretrati", sulle risorse da mobilitare, sulle garanzie ai capitali espor tati e su tutti gli altri argomenti del genere, con cui soglion lasciare il tempo che trovano commissioni e comitati. Le diffi coltà e le complicazioni dei singoli affari particolari ri guardano il nostro mestiere e dobbiamo affrontarle e risolverle ciascuno di noi secondo le proprie capacità, le proprie energie, i propri mezzi. Lo studio da promuovere è un altra: in che senso ed in quale misura tenda a trasformarsi l' economia dei paesi che si san economico. mantenuti finora all' avanguardia dello sviluppo Dal quale primo quesito discende per logica neces sità il secondo: in che senso ed in quale misura possa e debba promuoversi, in funzione delle tendenze accertate nei paesi più evoluti, l' organizzazione, mico, il progresso civile ed econo la piena integrazione in una Weltwirtschaft equilibrata e aggressiva, dei paesi su cui ancora pesan le ombre dell' epoca coloniale o addirittura le tenebre d' un barbaro primitivismo. Milano, 16 maggio 19 60.