Poème pour un Grand Hôtel (San Pellegrino)
On y va une fois par année voir l’exposition de peinture et de meubles anciens
qui s’y tient. Et constater si la bâtisse elle-même n’est pas venue en bas.
Abandonnée dès les années septante, les derniers clients, on le raconte, furent
des princes.
Immense. Mais tellement que vous ne le croiriez pas. Et avec un jardin qui ne
le cède en rien, en prolongement plutôt que sur le devant ou sur l’arrière. Car sur
le devant, on trouve la route et le fleuve, très large, endigué, et sur l’arrière,
passait autrefois la ligne de chemin de fer désormais abandonnée, avec la jolie
petite gare pas loin. Et le tout, l’hôtel et le parc, en longueur, ça pourrait faire le
quart du gros de la ville. Il faut deux ou trois minutes de marche pour en venir à
bout.
Mais l’énorme bâtisse maintenant est vide. Décrépite. Avec pourtant des
restes solides de sa gloire ancienne. Tu y pénètres non sans respect. Et puis tu
l’aimes telle qu’elle est, faisandée, prête pour un oubli douloureux. Plafonds
hauts et défraichis, avec par place des traces d’humidité. Les toits fuient-ils
déjà ? Alors ce serait le bout si l’on ne les répare. Mais comment faire ? Les
formes sont compliquées, telles qu’au début du siècle, et la surface est
prodigieuse. Ainsi la réfection du toit à elle seule coûterait des millions.
Vieux meubles, vieilles peintures. Antiquités que néanmoins il faut regarder
de près, le faux n’est pas loin et les restaurations sont sommaires. Quant aux
peintures, reliquats d’époques anciennes, le bon a été pris par les musées et les
marchands d’art, il n’y a plus ici que les miettes d’une production ancienne avec
pour le plus antique des œuvres du XVIIe siècle. La plupart des toiles mériterait
restauration. Les vernis se sont assombris, les craquelures sont importantes.
Ressortent désormais les noirs et les bruns, les autres couleurs se sont
estompées. Et en tout la lumière est absente, il n’y a plus de joie parmi ces
peintures que l’âge a rendues tristes, et tu t’en rends compte avec une nostalgie
poignante tandis que tu passes d’une pièce à l’autre et qu’une jeune fille vêtue
de blanc te suit et te surveille afin que tu n’ailles pas voler ou abîmer une œuvre.
Elle est blonde, mignonne, mieux, belle. Et quel joli corps elle a, avec ce rien de
chair mis à nu au niveau de la ceinture ! Tu souhaiterais toucher. Tes mains
tremblent. Alors tu la regardes et tu la voudrais. Vivre avec elle, qu’en serait-il ?
Elle t’accroche. Elle te fascine. Et maintenant, et sans qu’elle ne le remarque, tu
la regardes mieux et plus que les œuvres elles-mêmes. Elle a cette démarche
souple et silencieuse, ce balancé délicat, mais surtout ce sourire étrange quand
elle te regarde à son tour avec ses beaux yeux. Et cette figure d’ange qu’elle a,
mon Dieu, est-ce possible, peut-on être si jolie à cet âge, entre seize et dix-huit
ans, guère plus.
Cependant tout reste silencieux dans le rez du Grand Hôtel. C’est si grand.
Les gens parlent mais leurs voix se perdent dans les volumes énormes des
pièces. Tout demeure un peu lointain. C’est étrange. Et les gens ne regardent que
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peu, pressés. Ils vont d’une pièce à l’autre. Ils se promènent plus qu’ils
n’admirent. L’art à beaucoup leur est étranger. Ils ne savent pas voir. Ils ne
s’arrêtent pas ainsi devant cette aquarelle de Naples avec le Vésuve qui fume,
non, mais regardez-moi ces vagues, on dirait qu’elles sont vraies, ou auprès de
cette autre, son pendant, même format modeste et horizontal, par laquelle se
découvre le charme envoûtant d’une Italie d’autrefois. Ce sont des chefsd’œuvre quand bien même ce ne sont que des copies. Et tu les voudrais s’ils
n’étaient pas trop chers. Alors aussi, chemin faisant, tu ne te presses surtout pas,
tu regardes et choisis celle qui te plairait le mieux parmi toutes ces œuvres. Tu te
souviens en particulier de cette madone lumineuse peinte sur un fond bleu nuit
constellé d’étoiles. Et la madone était là, belle et envoûtante, que tu regardas
longtemps pour presque vouloir l’emporter avec toi. Tu l’aurais suspendue Dieu
sait où, il faudrait une paroi immense pour l’accrocher, et tu l’aurais admirée
chaque fois que tu serais passé devant.
Elle vaut trois cent mille euros !
Espace d’énormes volumes qui t’interpelle. C’est vieilli, et surtout les pièces
donnant sur l’arrière, plus délaissées encore que les principales, carrément
oubliées dans le temps. Tu ne pénètres pas aux étages supérieurs. Un cordon, au
haut de l’escalier du hall central d’un volume encore plus formidable que le
reste, en interdit l’accès. Sont là justement les responsables qui veillent à tout.
Mais un soir quand même, si rapides qu’ils n’auraient rien vu, nous aurions
franchi cette barrière qui n’en est pas une pour aller bientôt dans les étages du
haut et pour y courir d’un bout à l’autre. Et il y en a cinq, d’étages. Et ils doivent
être tous pareils, ils font cent mètres de long, hormis un galetas formidable,
monde fascinant que je devine fait de poutres innombrables au plafond de pièces
oubliées, noyées dans les débarras les plus divers et ces vieilles poussières que
l’on ne brasse plus depuis longtemps. Et ainsi nous prendrions vraiment
connaissance, dans sa substance même, de cette incroyable bâtisse qui possède
en plus un sous-sol d’égale surface en quel on accède entre autre de l’extérieur
par une porte latérale, presque dérobée, par laquelle néanmoins vous rentreriez
un véhicule de la largeur d’un camion. Tout ici est grand, c’est le comble de la
démesure. Et celle-ci fait souffrir. Car cette bâtisse ne renaitra probablement
jamais. Un jour même peut-être la détruiront-ils. Ils feront table rase, et le jardin
et ses grands arbres y passeront à leur tour, pour mettre en lieu et place des
maisons ordinaires ou d’horribles immeubles. Une époque sera révolue. C’aura
été la belle et la grande, quand toutes les têtes couronnées d’Europe ou presque
venaient ici, où l’eau est bonne, pareille ou même supérieure à celle de notre
maison que l’on trouve de l’autre côté de la montagne. Elle s’exporte dans le
monde entier.
Il y a les quais, la rivière. Et même un port d’embarquement pour ces barques
de plaisance que l’on empruntait autrefois, là, juste devant l’hôtel. Et les arbres
des parcs déjà étaient très grands sous lesquels on trouvait de l’ombre par les
journées trop chaudes.
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Et puis bientôt c’est la nuit. On le devine, dehors, à la lumière un peu crue des
jolis lampadaires. Le fleuve y coule tranquille, sans beaucoup d’eau. Il attend les
orages de la fin de juillet pour retrouver une force et une prestance qu’il n’a plus
depuis plusieurs semaines. Est-on ici en marge du monde ? C’est tranquille
encore, les véhicules y sont moins nombreux depuis qu’il y a un tunnel creusé
sous la montagne et par lequel les conducteurs en transit évitent la ville.
Ils veulent partir et rentrer déjà. Moi je souhaiterais rester ici. C’est un
bâtiment certes démesuré, mais je m’y sens à l’aise, heureux. Je voudrais voir
toutes les peintures sans en manquer aucune, errer des heures dans ces pièces,
me faufiler dans chacune d’elle au plafond si haut, respirer encore cette
atmosphère qui sent l’humidité et le moisi, me pénétrer de l’odeur de ces vieux
meubles et des rideaux qui sont restés. Etre suivi en plus par cette jolie fille en
blanc, avec ses beaux yeux qui m’apparaissent bordés de bleu avec en eux des
paillettes dorées. Et puis, la laissant parler à d’autres, la regarder encore et
encore et me dire qu’il aura de la chance, celui qu’elle aimera un jour…
Ce Grand Hôtel, il m’impressionne tellement que je voudrais être riche à
millions afin que je puisse le racheter et lui redonner vie. Oh ! comme alors je le
ferais beau !
Le Grand Hôtel de San Pellegrino vers 2005, avant sa restauration
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Nous sommes vers 2005. On ne dira pas qu’il paie vraiment de mine, notre bon vieux Grand Hôtel.
Heureusement, ce qu’on verra aux pages suivantes, et au contraire de ce que nous avions pu croire, il est en
pleine restauration. Ainsi en 2011 le toit a été refait, et il est même possible que tout le niveau « comble » ait été
restauré, puisque le soir la lumière n’est visible qu’à cet étage-là.
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Les arbres ont été coupés pour dégager cette façade magnifique, celle-ci entièrement restaurée. C’est quasiment
un miracle.
Le Grand Hôtel vu depuis les jardins du casino. C’est vraiment un bâtiment splendide et sa restauration fait
chaud au cœur. On découvrira l’histoire de cette bâtisse fascinante dans les différents ouvrages consacrés au val
Brembana. Nous nous permettons ici d’emprunter à un site sur ce bâtiment, notre réclame n’étant nullement
intéressées !
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S. Pellegrino Terme - Homepage
Il Grand Hotel (l'esterno)
Stemma di San Pellegrino nella colonna
Progetto (Squadrelli-Mazzocchi)del Grand
(opera
Hotel
del Cavallazzi) del Ponte Principe Umberto
in una riproduzione del periodo
Nel 1902, la Società anonima dei grandi alberghi di San Pellegrino invita
lo Squadrelli a progettare “in stile moderno” il Grand Hotel in
collaborazione con l'ingegner Luigi Mazzocchi, esperto e aggiornato
tecnologo responsabile della realizzazione dello stabilimento termale.
I due elaborano una soluzione relativamente semplice per un edificio
monumentale che si ispira ai grandi alberghi costruiti a fine Ottocento
nelle più importanti località d'Europa e che cita, nei blocchi laterali
sporgenti, “gli schemi degli antichi castelli francesi” (R. Bossaglia).
Sulle linee-guida della simmetria e della razionalità si innestano la
varietà dei nuovi materiali impiegati e la ricchezza in decori dei diversi
elementi, in rapporto al gusto Liberty ormai diffuso anche in Italia, a
conferire leggerezza all'insieme.
Il Grand Hotel e il Casinò di fronte, collegati dal Ponte Principe Umberto
IL Grand Hotel sorge sulla sponda sinistra del fiume Brembo dalla parte opposta del Casinò
Municipale. Inaugurato nell'estate del 1904, il Grand Hotel rapprresenta, per dimensioni e
monumentalità, l'evidenza di maggior spicco nel panoramica architettonico di San
Pellegrino Terme.
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Panoramica ad ampio raggio sul Grand Hotel dal Viale
Questo colosso di sette piani, con l'imponente facciata in stile Liberty, coronato da grandi
calotte lignee a dìrigibile, inabitabili, già a quei tempi, era provvisto di ascensori, luce
elettrica, acqua potabile e telefono in tutte le 250 stanze, i cui arredi risultavano così sfarzosi
da destare stupore e meraviglia anche tra gli aristocratici clienti.
Il Grand Hotel dal piazzale del Casinò
Il Ponte Umberto collega Grand Hotel e
Casinò
Il Grand Hotel è collegato alla Fonte e al Casinò da un ponte, un tempo in legno, sostituito
poi, nel 1924, dall'attuale Ponte Principe Umberto (costruito su progetto dell'ingegner
Michele Astori).
Del vecchio ponte sono ancora visibili sott'acqua i resti dei pali conficcati nell'alveo del
fiume.
La facciata del Grand Hotel, lunga ben 128 metri, evidenzia una ricchezza decorativa unica
nel suo genere: decine di statue, cariatidi, elementi zoomorfi, putti, festoni, concorrono alla
creazione di un'atmosfera fortemente suggestiva.
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Vista da nord
Vista dal sud ovest
Le finestre a una, due e tre luci, il tetto, carenato ai lati e a cupola, nella parte sovrastante il
blocco centrale (la cui forma aveva funzione più di esibizione della classe sociale alla quale
l'edificio era destinato che di praticità), le lesene, con decorazioni in cemento di putti,
telamoni e cariatidi, in ferro e ad affresco con motivi floreali, si susseguono e si alternano
nell'ampia facciata, testimoniando da un lato il ricordo della tradizione accademica,
dall'altro il suo rinnovamento.
Il Grand Hotel ripreso dalla Vetta
La facciata centrale
Grand Hotel invernale
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Le sculture liberty
Cariatidi e telamoni
Finestre liberty
Mascherone e putti
Balaustre in ferro battuto sui terrazzi
Altorilievi di putti
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Le Grand Hôtel de San Pellegrino vaut bien un poème!