Libretto MITRIDATE, RE DI PONTO, K.87 (74a) Libretto by Vittorio Amedeo Cigna-Santi (1725 - 1785) after Racine CD 1 CD 1 Ouverture Allegro Andante grazioso Presto Ouverture Allegro Andante grazioso Presto ATTO PRIMO PREMIER ACTE Scena I Piazza di Ninfea, con veduta in lontano dalla porta della città. Sifare con seguito d’uffiziali e soldati, ed Arbate coi Capi de’ cittadini, uno de’ quali porta sopra un bacile le chiavi della città. Scène 1 Place de Nymphée, on aperçoit au loin, la porte de la ville. Xipharès et son escorte d’officiers et de soldats. Arbate accompagné des patriciens. L’un d’eux porte les clés de la ville sur un plateau. Recitativo ARBATE: Vieni, Signor. Più che le mie parole l’omaggio delle schiere, Del popolo il concorso, E la dipinta sul volto di ciascun gioia sincera Abbastanza ti spiega in questo giorno Quanto esulti Ninfea nel tuo ritorno. Récitatif ARBATE: Viens Seigneur, Plus que mes propres paroles, l’hommage des troupes, Le peuple rassemblé Et la joie sincère sur tous les visages, Te montreront en ce jour Comme Nymphée se réjouit de ton retour. SIFARE: Questi di vostra fede contrassegni gradisco. Altri maggiori però ne attesi, E non dovea ricetto qui Farnace trovar. XIPHARÈS: Ces manifestations de loyauté sont les bienvenues, Mais j’en attends plus encore, car jamais Pharnace N’aurait dû trouver refuge ici. ARBATE: Del regno adunque Può già la gelosia render nemico Sifare del german? ARBATE: Le désir de régner Ferait-il de Xipharès L’ennemi de son frère? SIFARE: La bella Greca, Che del gran Mitridate gli affetti meritò, Di questo seno fu pur anche la fiamma, Ed è la prima cagion, benchè innocente, Delle gare fraterne. XIPHARÈS: La belle Grecque Qui a su gagner l’amour du grand Mithridate A aussi enflammé mon cœur. Bien qu’innocente, elle est la première cause De notre rivalité. ARBATE: Oh quanto ti precorse colle brame e coi voti Il dolente suo cor! ARBATE: Oh, son cœur malheureux a précédé le vôtre Dans ses prières et ses espérances. SIFARE: Se il ver mi narri, molto a sperar mi resta, E tutto io spero, se di Roma fra il servo E fra il nemico osa Arbate appigliarsi Al partito miglior. XIPHARÈS: Si tu dis vrai, il me reste beaucoup à espérer Et mon espoir sera comblé, à condition qu’Arbate, Entre devenir le serviteur de Rome Ou son ennemi, Ait le courage de choisir le meilleur parti. ARBATE: Se l’oso! E puoi dubitarne, o Signor? Quel zelo istesso, che al tuo gran genitore Mi strinse, in tuo favore qiu tutto impegno, E tu vedrai Farnace, mercè del mio valor, Della mia fede, Girne altrove a cercar e sposa e sede. (parte col suo seguito) ARBATE: Si j’en ai le courage! En doutes-tu Seigneur? Ce même zèle que j’accordais à ton valeureux père T’est maintenant dédié et je suis tout à ta cause. Tu verras Pharnace, grâce à mon courage et à ma loyauté, Aller chercher ailleurs femme et patrie. (Il sort, avec sa suite.) Scena II Scène II Recitativo SIFARE: Se a me s’unisce Arbate, Che non posso ottener? (giunge Aspasia) Récitatif XIPHARÈS: Si Arbate se joint à moi Que ne puis-je obtenir ? (entre Aspasie) ASPASIA: Il tuo soccorso, Signor, vengo a implorar. Afflitta, incerta, vedova pria che sposa, Al miglior figlio di Mitridate il chiedo. Ah non sia vero che il sangue Che t’unisce al tuo germano D’una infelice al pianto Prevalga in questo dì. Barbaro, audace, ingiurioso al padre, Egli al mio core Ch’è libero e che l’odia, impone amore. ASPASIE: Je viens, Seigneur, demander ton aide, Affligée, incertaine, veuve avant même mon mariage, J’implore le meilleur des fils de Mithridate. Je ne puis croire que le sang qui te lie à ton frère Soit plus fort que les larmes D’une femme malheureuse. Cruel, effronté, il offense son père Et entend s’imposer A mon cœur libre, Qui ne peut que le haïr. SIFARE: Regina, i tuoi timori Deh calma per pietà. Finch’io respiro, libero è il tuo voler, E andrà Farnace forza altrove ad usar. Ma chi t’adora, se chiami delinquente, Sappi ch’io son di lui meno innocente. XIPHARÈS: O Reine, par pitié, n’aie crainte, Tant que je vivrai, ta volonté sera la tienne Et Pharnace devra user de sa force ailleurs. Mais si celui qui t’aime est un criminel, Je suis plus coupable encore que mon frère. ASPASIA: (Che ascolto, oh Ciel!) ASPASIE: (Qu’entends-je, ô ciel !) SIFARE: Non ti sdegnar: diverso dall’amor del germano Di Sifare è l’amor. XIPHARÈS: Ne t’emporte pas, l’amour de Xipharès N’est pas comme celui de son frère. No, mia conquista, se da lui ti difendo, non diverrai. Ma quando t’avrò resa a te stessa, Abborrirai quanto il nemico il difensore? Ed io, per premio di mia fè, per compiacerti, Risolvere dovrò di non vederti? Je ne te défends pas afin de te conquérir Mais une fois libre de tes sentiments, Ton défenseur sera-t-il aussi haï que ton ennemi ? En récompense de ma loyauté et pour te plaire Devrais-je me résoudre à ne plus te voir ? ASPASIA: Dello stato, in cui sono, Prence, se sei cortese, tanto non l’abusar. ASPASIE: Prince, si tu es bon, tu ne tireras pas avantage De l’état dans lequel je me trouve. SIFARE: Io non ne abuso allor che ti difendo Senza sperar mercè, quando prometto, Bell’Aspasia, ubbidirti, e poi celarmi Per sempre agl’occhi tuoi. XIPHARÈS: Ce n’est pas prendre avantage que de te protéger Sans attendre de récompense, Que de te prêter serment, belle Aspasie, Pour ensuite fuir de ta vue. ASPASIA: Forse prometti Ciò ch’eseguir non sei capace. ASPASIE: Peut-être promets-tu Plus que ce dont tu es capable ! SIFARE: E ad onta de’ giuramenti miei dunque paventi Ch’io possa teco ancora tiranno divenir? XIPHARÈS: Tu crains donc que malgré mes promesses, Je puisse pour toi devenir un tyran ? ASPASIA: Contro Farnace chiedo aita, o Signor, Dall’empie mani salvami pria: Quest’è il mio voto. Allora d’usarmi iniqua forza d’uopo non ti sarà, Perch’io t’accordi di vedermi il piacer, E tu fors’ anche meglio conoscerai qual sia quel core, Ch’ora ingiusto accusar puoi di rigore. ASPASIE: C’est contre Pharnace que j’implore ton aide, ô Seigneur Sauve-moi d’abord de ses mains barbares. Tel est mon vœu. Tu n’auras ensuite nul besoin d’user de force Pour te présenter à moi, et peut-être Ce cœur que tu accuses à tort d’excessive rigueur Te deviendra-t-il mieux connu. No. 1, Aria ASPASIA: Al destin, che la minaccia, Togli, oh Dio! quest’ alma oppressa, Prima rendimi a me stessa, E poi sdegnati con me. 1. Air ASPASIE: Délivre, ô Dieu, mon cœur opprimé Du danger qui le menace ! Rends-moi d’abord à moi-même Avant d’exprimer ta colère Come vuoi d’un rischio in faccia Ch’io risponda a’ detti tuoi? Ah conoscermi tu puoi E ‘l mio cor ben sai qual è. (si ritira) Comment puis-je te répondre Face au danger où je me trouve ? Tu apprendras à mieux connaître Celle dont tu connais déjà le coeur. (Elle sort.) Scena III Scène III Recitativo accompagnato SIFARE: Qual tumulto nell’alma quel parlar mi destò! Con più di forza rigermogliar vi sento, Speranze mie quasi perdute. Un nuovo sprone per voi s’aggiunge oggi alla mia virtù. Tronchinsi ormai le inutili dimore, E la mercede che prometter mi sembra il caro bene Ah si meriti almen, se non s’ottiene. Récitatif accompagné XIPHARÈS: Quel tumulte a-t-elle soulevée dans mon âme ! Je vous sens renaître, espoirs presque évanouis, Avec une force nouvelle ! Mon courage s’en trouve ranimé. Mettons fin, à présent, aux inutiles délais, Rendons-nous digne de la récompense Que semble promettre ma bien-aimée, Dusse-t-elle ne pas être mienne. No. 2, Aria SIFARE: Soffre il mio cor con pace Una beltà tiranna, L’orgoglio d’un audace, No, tollerar non sa. 2. Air XIPHARÈS: Mon cœur souffre patiemment l’empire d’une tyrannique beauté, Mais ne peut tolérer L’arrogance d’un insolent. M’affanna e non m’offende Chi può negarmi amore, Ma di furor m’accende Chi mio rival si fa. (parte col suo seguito) Celle qui ne peut m’aimer Me blesse sans m’offenser, Mais mon sang s’échauffe De me savoir un rival. Il sort avec sa suite. Scena IV Tempio di Venere con ara accesa ed adorna di mirti e di rose. Farnace, Aspasia, soldati di Farnace all’intorno e sacerdoti vicini all’ara. Scène IV Le Temple de Venus. Sur l’autel, décoré de myrtes et de roses, la flamme brûle. Pharnace et ses soldats, Aspasie, des prêtres près de l’autel. Recitativo FARNACE: Sin a quando, o Regina, Sarai contraria alle mie brame? Ah fuggi, vieni. Te impaziente attende di Ponto il soglio, E ognun vederti brama sua Regina e mia sposa. Récitatif PHARNACE: Jusqu’à quand, ô Reine, t’opposeras-tu à mes désirs ? Fuis, fuis et suis-moi ! Le trône du Pont t’attend, Le royaume est impatient De voir en toi sa reine et ma femme. All’ara innanzi dammi la destra, E mentre con auspizio più lieto S’assicura il diadema alle tue tempia, Le promesse del padre il figlio adempia. Donne-moi ta main devant l’autel Et quand sous d’heureux auspices On ceindra ton front du diadème Le fils aura accompli la promesse du père. ASPASIA: Per vendicare un padre dai Romani trafitto Scettri io non ho, non ho soldati, E solo unico avanzo delle mie fortune Mi resta il mio gran cor. Ah, questo almeno serbi la fè dovuta al genitore, Nè si vegga la figlia Porger la man sacrilega, ed audace All’amico di Roma, al vil Farnace. ASPASIE: Je n’ai ni sceptre ni soldats. Pour venger un père, tué par les Romains. Il ne me reste que mon noble cœur pour fortune. Lui au moins saura rester fidèle à un père Et on ne verra pas sa fille tendre une main Effrontée et sacrilège vers l’ami de Rome. Le vil Pharnace. FARNACE: Quai deboli pretesti son questi, che t’infingi, E chi ti disse che amico a Roma io son? Sposa or ti voglio, (la piglia a forza per mano) E al mio volere omai contrasti invano. PHARNACE: Quels faibles prétextes invoques-tu! Et d’où tiens-tu que je sois l’ami de Rome ? Je te veux pour femme immédiatement. (Il lui saisit la main avec force) Et toute opposition est inutile. ASPASIA: Sifare, dove sei? (guardando agitata per la scena) ASPASIE: Xipharès, où es-tu ? (Cherchant, inquiète) Scena V (Sifare con soldati e detti) Scène V (Les mêmes, Xipharès et ses soldats.) Recitativo SIFARE: Ferma, o germano, Ed in Aspasia apprendi Sifare a rispettar. Récitatif XIPHARÈS: Halte-là, ô mon frère. Et apprends en Aspasie à respecter Xipharès. FARNACE: (ad Aspasia con resentimento) Intendo, ingrata, meglio adesso il tuo cor. De’ tuoi rifiuti costui forse è cagion. Ei di Farnace E’ amante più felice, e men ti spiace. PHARNACE: (A Aspasie, avec rancœur) Ingrate, je comprends mieux ton cœur Celui-ci est sans doute la raison de ton refus Amant plus fortuné que Pharnace, C’est lui que ton coeur préfère. SIFARE: (a Farnace) Suo difensor qui sono. E chi quel core tiranneggiar pretende Di tutto il mio furor degno si rende. XIPHARÈS: (A Pharnace) Je suis ici son protecteur, Et quiconque tentera de tyranniser son cœur S’exposera à ma fureur. FARNACE: Con tanto fasto in Colco A favellar sen vada Sifare a’ suoi vassalli. PHARNACE: Va t’en donc à Colchide, pour parler Avec cette superbe à tes vassaux. SIFARE: In Colco e in questa Reggia Così posso parlar. XIPHARÈS: A Colchide, comme dans ce palais, Je parle comme je l’entends. FARNACE: Potresti qui pur con le mie mani Versar l’alma col sangue. PHARNACE: Tu pourrais ici aussi, par mes mains Perdre ta vie et ton âme. SIFARE: (vuol mettere mano alla spada e così pure Farnace) A tanto ardire così rispondo. XIPHARÈS: (Saisissant son arme, Pharnace fait de même.) Voila ma réponse à cette insolence. ASPASIA: (trattenendo i due fratelli) Ah no, fermate. ASPASIE: (Les séparant) Ah, non, arrêtez ! Scena VI (Arbate e detti) Scène VI (Les mêmes, Arbate.) Recitativo ARBATE: All’ire freno, Principi, olà. D’armate prore già tutto è ingombro il mar, E Mitridate di se stesso a recar più certo avviso Al porto di Ninfea viene improvviso. Récitatif ARBATE: Halte ! Maîtrisez votre colère, Princes, La mer est déjà toute couverte de vaisseaux Et Mithridate lui-même, de façon imprévue, Rentre au port de Nymphée SIFARE Il Padre! XIPHARÈS: Notre père ! FARNACE Mitridate! PHARNACE: Mithridate ! ARBATE: A me foriero ne fu rapido legno. Ah si deponga Ogni gara fra voi, cessi ogni lite, E meco il padre ad onorar venite. ARBATE: Une barque rapide nous en a prévenu. Ah, cessez à présent toute querelle, toute dispute, Et venez avec moi honorer votre père. No. 3, Aria ARBATE: L’odio nel cor frenate, Torni fra voi la pace, O un padre paventate, Che perdonar non sa. 3. Air ARBATE: Retenez la haine dans vos cœurs, Que la paix revienne entre vous, Ou vous craindrez un père qui ne peut pardonner. S’oggi il fraterno amore Cessa in entrambi e tace, Dal giusto suo rigore Chi vi defenderà. (parte) Si l’amour fraternel cesse et se meurt aujourd’hui, Qui vous protégera de sa juste sévérité ? (Il sort.) Scena VII Scène VII Recitativo FARNACE: Principe, che facemmo! Récitatif PHARNACE: Prince, qu’avons-nous fait ? SIFARE: Io nel mio core Rimproveri non sento. XIPHARÈS: Mon cœur N’éprouve nul repentir. ASPASIA: (Oh ritorno fatal!) Sifare, addio. ASPASIE: (O, fatal retour !) Xipharès, Adieu ! No. 4, Aria ASPASIA: Nel sen mi palpita dolente il core; Mi chiama a piangere il mio dolore; Non so resistere, non so restar. 4. Air ASPASIE: Mon cœur endolori bat dans mon sein, Et la souffrance m’arrache des larmes, Je ne puis ni résister, ni rester. Ma se di lagrime umido ho il ciglio, È solo, credimi, il tuo periglio La cagion barbara del mio penar. (parte, e si ritirano pure i sacerdoti) Mais si mes pleurs jaillissent, Crois-moi, le danger qui t’attend Est l’unique et cruelle cause de mon malheur. (Elle sort suivie des prêtres.) Scena VIII Scène VIII Recitativo FARNACE: Un tale addio, germano, si spiega assai: Ma il tempo altro esige da noi. Ritorna il padre, quanto infelice più, tanto più fiero, Pensaci: in tuo favore tu pronte hai le tue schiere, A me non manca un altro braccio. Il nostro perdono si assicuri, A lui l’ingresso della città si chiuda, E giuste ei dia le leggi, o si deluda. Récitatif PHARNACE: Mon frère, un tel adieu se passe d’explications. Mais l’heure exige autre chose de nous. Notre père est de retour, son infortune n’a pu diminuer sa fierté. Réfléchis : tes soldats sont prêts à te servir, Et à moi, il ne manque aucun soutien. Procurons-nous un pardon assuré, En lui interdisant l’entrée dans la cité, Qu’il promulgue de justes lois ou il sera perdu. SIFARE: Noto a me stesso io son, noto abbastanza M’è il genitor: ma quando ritorna Mitridate Più non so che ubbidir. XIPHARÈS: Je me connais moi-même, et connais bien mon père, Mais je ne puis désobéir à Mithridate Maintenant qu’il est de retour. FARNACE: Adesso almeno cautamente si celi il segreto comun, Nè sia tradito dal germano il german. PHARNACE: Au moins prenons garde de lui cacher notre commun secret, Sans quoi un frère se verrait trahi par l’autre. SIFARE: Saprò geloso anche con mio periglio Fido german serbarmi, e fido figlio. XIPHARÈS: Je m’appliquerai, même au coeur du péril A rester à la fois un frère et un fils fidèle. No. 5, Aria SIFARE: Parto: Nel gran cimento Sarò germano e figlio: Eguale al tuo periglio La sorte mia sarà. Opera a tuo talento; Nè in me mancar già mai Vedrai la fedeltà. (parte co’ suoi soldati) 5. Air XIPHARÈS: Je pars. Durant cette grande épreuve, Je serai et un frère et un fils, Mon destin jalonné de périls sera égal au tien. Fais confiance à ta vertu, Ma loyauté à ton égard ne faiblira pas. Scena IX Scène IX Recitativo FARNACE: Eccovi in un momento Sconvolti, o miei disegni. (giunge Marzio) Récitatif PHARNACE: En un instant, Tous mes desseins sont bouleversés. (Entre Marzio.) MARZIO: A un vil timore Farnace ancor non s’abbandoni. MARZIO: Pharnace ne peut s’abandonner à une vile frayeur. FARNACE: E quale speranza a me più resta, Se nemica fortuna Sul capo mio tutto il suo sdegno aduna? PHARNACE: Et quel espoir me reste-t-il, Quand le destin déverse sur ma tête Tout son mépris ? MARZIO: Maggior d’ogni altro fato E’il gran fato di Roma, E pria che sorga nel ciel novella aurora, Ne avrai più certe prove. MARZIO: Le grand destin de Rome Surpasse tout autre destin. Avant la prochaine Aurore Tu en auras la preuve certaine. FARNACE: Alla tua fede mi raccomando, amico: PHARNACE: Je m’en remets à toi, ami, (Il sort, avec ses soldats.) Il mio periglio tu stesso vedi. In mia difesa ah tosto movan l’aquile altere, A cui precorre la vittoria e il terror. Poi quando ancora sia di Roma maggior l’empio mio fato, Ah si mora bensì, ma vendicato. Tu connais le péril que je cours, Que les aigles, fiers et victorieux viennent me défendre, Précédés de clameurs victorieuses et de cris de terreur. Et si mon cruel destin surpasse celui de Rome, Je mourrai, certes, mais vengé. No. 6, Aria FARNACE: Venga pur, minacci e frema L’implacabil genitore, Al suo sdegno, al suo furore Questo cor non cederà. 6. Air PHARNACE: Qu’il vienne, qu’il menace Et qu’il tremble de rage, Ce père implacable. Mon cœur ne cèdera ni à son mépris, ni à sa colère. Roma in me rispetti e tema Men feroce e men severo, O più barbaro, o più fiero L’ira sua mi renderà. (parte con Marzio seguito dai suoi soldati) Qu’il respecte et craigne en moi Rome. Sa colère me rendra Moins sévère et moins féroce, Ou plus barbare et plus fier (Il sort, suivi de Marzio et de ses soldats.) Scena X Porto di mare, con due flotte ancorate in siti opposti del canale. Da una parte veduta della città di Ninfea. Scène X Le port, deux flottes y sont ancrées de part et d’autre du canal. D’un côté, on aperçoit le port de Nymphée. Si viene accostando al suono di lieta sinfonia un’altra squadra di vascelli, dal maggior de’ quali sbarcano Mitridate ed Ismene, quegli seguito dalla Guardia Reale e questa da una schiera di Parti. Arbate con seguito gli accoglie sul lido. Si prosiegue poi di mano in mano lo sbarco delle soldatesche; le quali si vanno disponendo in bella ordinanza sulla spiaggia. Une troisième escadre rentre au port accompagnée d’une joyeuse musique. Mithridate et Ismène escortés de la garde royale et de nombreux Parthes descendent du plus grand vaisseau. Arbate et ses hommes les accueillent sur la grève puis les soldats débarquent et forment leurs rangs sur la plage. No. 7, Marcia 7. Marche No. 8, Cavata MITRIDATE: Se di lauri il crine adorno, Fide spiaggie, a voi non torno, Tinto almen non porto il volto Di vergogna e di rossor. 8. Cavata MITHRIDATE: Si je reviens sans honneurs vers vous, Chers et fidèles rivages, Je n’ai pas non plus à rougir de honte. Anche vinto ed anche oppresso Io mi serbo ognor l’istesso E vi reco in petto accolto Sempre eguale il mio gran cor. Même vaincu et épuisé, je n’en suis pas moins le même Et vous reviens avec ce grand cœur Qui bat toujours dans ma poitrine. Recitativo MITRIDATE: Tu mi rivedi, Arbate, Ma quel più non rivedi Felice Mitridate, a cui di Roma Lungamente fu dato bilanciare il destin. Récitatif MITHRIDATE: Tu me revois, Arbate, Mais celui que tu vois, n’est plus l’heureux Mithridate Auquel il fut longtemps donné De régler le sort de Rome. Tutti ha dispersi D’otto lustri i sudor sola una notte A Pompeo fortunata, a me fatale. Il aura suffit d’une nuit, Heureuse pour Pompée et pour moi fatidique, Pour que huit lustres de labeur s’évanouissent. ISMENE: Il rammentar che vale, Signor, una sventura Per cui la gloria tua nulla s’oscura? Tregua i pensier funesti Su quest’amico lido Per breve spazio almeno abbian da noi. ISMÈNE: A quoi te sert-il de penser, Seigneur, à une infortune qui n’a en rien terni ta gloire ? Sur ces accueillants rivages, Abandonnons ces funestes pensées Dove son, Mitridate, i figli tuoi? Pour un court instant au moins. Où donc sont tes fils, Mithridate ? ARBATE: Dalla Reggia vicina Ecco gli affretta al piè del genitore Il rispetto e l’amore. ARBATE: Les voila qui accourent du proche palais, Pour se prosterner aux pieds de leur père, Emplis d’amour et de respect. Scena XI (Sifare, Farnace dalla città e detti) Scène XI (entrent Pharnace et Xipharès) Recitativo SIFARE: Su la temuta destra Mentre l’un figlio e l’altro un bacio imprime Tutti i sensi del cor, padre, t’esprime. Récitatif XIPHARÈS: En embrassant la main redoutée Du père, l’un et l’autre fils Lui expriment toute leur affection. MITRIDATE: Principi, qual consiglio in sì grand’uopo, E la Colchide e il Ponto, Che al tuo valor commisi e alla tua fede, Vi fece abbandonar? MITHRIDATE: Princes, quels conseils, en une telle heure, Ont pu vous faire quitter Colchide et le Pont Que j’avais confiés à votre valeur Et à votre loyauté ? FARNACE: L’infausto grido della tua morte L’un dell’altro ignaro quà ne trasse, o Signor. Noi fortunati, che nel renderci rei Del trasgredito cenno il bel contento Abbiam di reveder salvo chi tanto Stato è finora e sospirato e pianto! PHARNACE: La sinistre nouvelle de ta mort, Seigneur, Nous attira ici sans que l’un sache que l’autre viendrait. Fortunés que nous sommes, En désobéissant aux ordres, D’avoir la grande joie de revoir Celui pour lequel nous avions tant soupiré et tant pleuré. ISMENE: Perchè fra i suoi contenti Dissimula Farnace Quello che prova in riveder la figlia Del Partico Monarca? ISMÈNE: Pourquoi Pharnace cache-t-il sous sa joie, Les sentiments qu’il éprouve à revoir La fille du roi des Parthes ? FARNACE: (Oh rimprovero acerbo!) PHARNACE: (Un amer reproche !) MITRIDATE: Entrambi, o figli, Men giudice che padre voi qui mi ritrovate. Il primo intanto l’imprudente trascorso Ad emendar tu sii, Farnace. Ismene, che amasti, il so, viene tua sposa: In lei di Mitridate al combattuto soglio Ravvisa un nuovo appoggio: al nodo eccelso, Ch’io stesso ricercai, l’alma prepara, E di tal sorte a farti degno impara. MITHRIDATE: Mes fils, Vous retrouvez en moi, un père plus qu’un juge, Pharnace, tu seras le premier à réparer l’imprudence que tu as commise. Je te donne Ismène, que tu aimais, pour fiancée. En elle, le trône menacé de Mithridate Trouve un soutien nouveau. Prépare ton âme à cette union superbe, Dont je suis responsable, et tâche d’en être digne. FARNACE: Signor… PHARNACE: Seigneur… MITRIDATE: Ai regi tetti Dove in breve io ti seguo, o Principessa, E Sifare e Farnace scorgano i passi tuoi. Meco soltanto rimanga Arbate. MITHRIDATE: Princesse, que Xipharès et Pharnace t’escortent Au palais, où je te rejoindrai bientôt. Que seul Arbate reste avec moi. ISMENE: Io ti precedo, o Sire, Ma porto meco in seno Un segreto timor, che mi predice ISMÈNE: Je te précède, Seigneur, Mais porte en mon sein une douleur secrète Qui me prédit un destin malheureux. Quanto poco il mio cor sarà felice. No. 9, Aria ISMENE: In faccia all’oggetto Che m’arde d’amore, Dovrei sol diletto Sentirmi nel core. Ma sento un tormento Che intender non so. 9. Air ISMÈNE: Face à l’objet De mon amour ardent, Je ne devrais sentir que ravissements En mon cœur. Mais je ressens un tourment Que je ne puis comprendre. Quel labbro che tace, Quel torbido ciglio La cara mia pace Già mette in periglio, Già dice che solo Penare dovrò. (parte ed entra nella città con Sifare e Farnace, seguita dai Parti) Ces lèvres silencieuses, Ces yeux troublés, Font obstacle à ma sérénité, Et me prédisent La souffrance à venir. (Elle sort vers la ville, suivie de Pharnace, de Xipharès et des Parthes.) Scena XII Scène XII Recitativo MITRIDATE: Teme Ismene a ragion: ma più di lei Teme il mio cor. Sappilo, Arbate, io stesso dopo il fatal conflitto La fama di mia morte confermar tra voi feci, Acciò che poi nel giungere improvviso Non fossero gli oltraggi a me celati Che soffro, oh Dio! da due miei figli ingrati. Récitatif MITHRIDATE: La peur d’Ismène est fondée, Mais plus qu’elle encore, mon coeur tremble de peur. Sache, Arbate, qu’après cette fatale bataille, J’ai moi-même fais croire à ma mort, Afin qu’à mon arrivée inattendue, On ne puisse me cacher aucun outrage. O Dieu ! Comme l’ingratitude de mes deux fils est douloureuses ! ARBATE: Da due tuoi figli? ARBATE: Tes deux fils ? MITRIDATE: Ascolta; in mezzo all’ira Sifare da Farnace giusto è ben ch’io distingua. Ma qui che si facea? Forse hanno entrambi preteso amor dalla Regina? A quale di lor sembra che Aspasia dia più facile l’orecchio? Io stesso a lei in quale aspetto ho da mostrarmi? Ah parla, e quanto mai vedesti e quanto sai Fa che sia noto a Mitridate ormai. MITHRIDATE: Ecoute, même dans ma colère, Je dois distinguer entre Xipharès et Pharnace. Mais que s’est-il passé au juste ? Ont-ils tous deux recherché l’amour de la reine ? Auquel des deux Aspasie prête-t-elle le plus d’attention ? Et comment dois-je agir avec elle ? Ah, parle, et que tout ce que tu sais soit connu par Mithridate. ARBATE: Signor, Farnace appena entrò nella città Che impaziente corse a parlare d’amore alla Regina, A lei di Ponto il trono Colla destra di sposo offrendo in dono. ARBATE: Seigneur, à peine arrivé en ville, Pharnace a couru voir la Reine pour lui déclarer sa flamme Et lui offrir le Royaume du Pont en cadeau de noces. MITRIDATE: Empio! Senza lasciarle Tempo a spargere almeno Le lagrime dovute al cener mio! E Sifare? MITHRIDATE: L’impie ! Il ne lui a pas même laissé le temps De verser des larmes sur mes cendres ! Et Xipharès ? ARBATE: Finora segno d’amore in lui non vidi E sembra che degno figlio di Mitridate Ei volga sol di guerra pensieri e di vendetta. ARBATE: Je ne lui ai jusqu’ici vu aucun signe d’amour, Et il me semble, digne fils de Mithridate, Ne penser qu’à la vengeance et à la guerre. MITRIDATE: Ma pure quale a Ninfea disegno l’affrettò? MITHRIDATE: Mais alors pourquoi s’est-il précipité à Nymphée ? ARBATE: Quel di serbarsi Colla forza dell’armi, e col coraggio Ciò che parte ei credea del suo retaggio. ARBATE: Pour garder, par la force des armes et du courage, Ce qu’il pensait être une partie de son héritage. MITRIDATE: Ah questo è il minor premio Che un figlio tal propor si deve. A lui vanne, Arbate, e lo accerta Del paterno amor mio. Farnace intanto cautamente si osservi. MITHRIDATE: Ah, c’est la moindre des récompense de la part d’un tel fils ! Va le voir, Arbate, Assure-le de mon amour paternel. Quant à Pharnace, surveille-le discrètement. ARBATE: Il real cenno io volo ubbidiente Ad eseguir. (Che mai rivolge in mente!) (parte) ARBATE: Je m’empresse d’obéir aux ordres du roi. (Mais qu’a-t-il donc en tête ?) (Il sort.) Scena XIII Scène XIII Recitativo accompagnato MITRIDATE: Respira alfin, respira, o cor di Mitridate. Il più crudele de’ tuoi timori ecco svanì. Quel figlio sì caro a te fido ritrovi E in lui non ti vedrai costretto A punire un rival troppo diletto. M’offenda pur Farnace: Egli non offre al mio furor geloso Che un odiato figlio, a me nemico, E de’ Romani ammiratore antico. Ah se mai l’ama Aspasia, Se un affetto ei mi toglie a me dovuto, Non speri il traditor da me perdono: Per lui mi scordo già che padre io sono. Récitatif accompagné : MITHRIDATE: Respire enfin, respire, ô cœur de Mithridate, Ta frayeur la plus cruelle a disparu. Le fils qui t’es si cher te reste fidèle, Et tu n’auras pas à punir en lui, Un rival trop aimé. Que Pharnace me fasse offense ; Dans ma jalousie rageuse, Il n’est qu’un fils haï, un ennemi Depuis longtemps allié aux Romains. Ah, et s’il est aimé d’Aspasie, S’il me vole un amour qui m’est dû, Le traître n’aura aucun espoir de pardon, Par sa faute, j’oublierai le père que je suis. No. 10, Aria MITRIDATE: Quel ribelle e quell’ingrato Vuò che al piè mi cada esangue: E saprò nell’empio sangue Più d’un fallo vendicar. (parte colle sue guardie verso la città, e l’esercito si ritira) 10. Air MITHRIDATE: Ce rebelle, cet ingrat, Je veux le voir tomber à mes pieds Et par son sang malfaisant, Plus d’une injure sera lavée. (Il se dirige vers la ville avec ses gardes, les troupes se retirent) CD 2 CD 2 ATTO SECONDO DEUXIEME ACTE Scena I Appartamenti. Ismene e Farnace. Scène 1 Appartements Royaux, Ismène et Pharnace. Recitativo ISMENE: Questo è l’amor, Farnace, Questa è la fè che mi giurasti? E quando varco provincie e regni e al mar m’affido Sol per unirmi teco, Di conoscermi appena Tu mostri, ingrato, ed io schernita amante Ti trovo adorator d’altro sembiante? Récitatif ISMÈNE: Voilà donc l’amour, Pharnace, Voilà donc la fidélité que tu m’avais jurés. Ayant traversé provinces et royaumes, Ayant voyagé au péril des flots Pour pouvoir m’unir à toi, je te retrouve, Ingrat, et tu sembles à peine me reconnaître : Amante bafouée, je te vois en aimer une autre. FARNACE: Che vuoi ch’io dica, o Principessa? È vero che un tempo t’adorai. Da te lontano venne l’ardor scemando a poco a poco, Si estinse alfin e a un nuovo amor diè loco. PHARNACE: Je ne sais que te dire, Princesse, Il fut un temps, il est vrai, où je t’aimais, Mais le temps et les lieues s’étirant, Mon ardeur s’est éteinte. Un autre amour remplaça le nôtre. ISMENE: Anch’io da te lontana Vissi finora, e pur… ISMÈNE: Et pourtant, J’ai vécu loin de toi, moi aussi, FARNACE: Questi d’amore sono i soliti scherzi, E tu più saggia, senza dolerti tanto De’ tradimenti miei, Sprezzarmi infido e consolarti dei. PHARNACE: Voilà, de l’amour, les habituels tours, Et dans ta sagesse, ne te plains pas De ma trahison, mais console-toi plutôt , En méprisant l’infidèle. ISMENE: Inver deve assai poco La perdita costar d’un simil bene: Ma nata al soglio Ismene Deve un altro dovere aver presente. Non basta alle mie pari Chi le disprezza il disprezzar. Richiede o riparo, o vendetta Quell’oltraggio ch’io soffro, e a Mitridate Saprò chiederla io stessa. ISMÈNE: La perte d’un tel amour, En vérité ne pèse pas lourd. Mais, destinée au trône Ismène doit accomplir un autre devoir. Les femmes de mon rang ne peuvent Se contenter de mépriser en retour : Il me faut me venger de cet outrage, Et c’est à Mithridate Que j’en confierai le soin. FARNACE: Ad irritarlo contro un figlio abborrito Poca fatica hai da durar: Ma intanto non sperar, no, che possa il suo rigore Dar nuova vita ad un estinto amore. PHARNACE: Il te sera facile de provoquer son courroux Envers un fils qu’il hait déjà. Mais n’espères pas que sa colère Ranime une flamme éteinte. No. 11, Aria FARNACE: Va, l’error mio palesa, E la mia pena affretta, Ma forse la vendetta Cara ti costerà. 11. Air PHARNACE: Va révéler ma faute, Hâte mon châtiment, Mais peut-être cette vengeance Te sera bien coûteuse. Quando sì lieve offesa Punita in me vedrai, Te stessa accuserai Di troppa crudeltà. (parte) Quand tu me verras puni Pour un si léger affront Tu t’accuseras toi-même D’une excessive cruauté. (Il sort) Scena II Scène II Recitativo ISMENE: Perfido, ascolta… (Mitridate con seguito, che le viene all’incontro) Ah Mitridate! Récitatif ISMÈNE: Ecoute-moi, perfide ! (Entrent Mithridate et ses gardes) Ah Mithridate ! MITRIDATE: In volto abbastanza io ti leggo, o Principessa, Ciò che vuoi dir, ciò che tu brami. Avrai di Farnace vendetta. Egli del pari te offende e il genitore. Solo una prova mi basta ancor De’ suoi delitti, e poi decisa è la sua sorte, Nè l’esser figlio il salverà da morte. MITHRIDATE: Ton expression me dit clairement, Princesse, Ce que tu voudrais dire, et ce que tu désires. Tu auras ta vengeance. Pharnace nous fait une commune injure, Une fois cette offense prouvée, Pas même ses liens de parenté Ne pourront changer son sort. ISMENE: Parli di morte? Ah Sire. ISMÈNE: Tu parles de mort ? Ah Seigneur. MITRIDATE: Vanne, e comincia a scordarti di lui. Più degno sposo forse in Sifare avrai. MITHRIDATE: Allez, tâche de l’oublier, Xipharès te sera un bien plus digne époux. ISMENE: Ma quello non sarà, che tanto amai. (si ritira) ISMÈNE: Mais il ne sera pas celui que j’ai tant aimé. (Elle sort) Scena III Scène III Recitativo ASPASIA: Eccomi a’ cenni tuoi. Récitatif ASPASIE: Me voici, prête à t’obéir. MITRIDATE: Diletta Aspasia, le sventure maggiori Saran dolci per me, se pur sventura Per te non fosse il mio ritorno. Assai mi son teco spiegato, E il pegno illustre che porti di mia fè, Quanto mi devi ti rammenta abbastanza. Oggi nel tempio anche la tua mi si assicuri. Altrove la mia gloria ne chiama, ed io ritorno Farò teco alle navi al novo giorno. MITHRIDATE: Belle Aspasie, les pires tourments Ne me seraient rien, Si mon retour ne t’était pas douloureux. J’ai assez parlé. Le gage de foi que tu me portes, Doit te rappeler suffisamment ce que tu me dois. Tu m’assureras, en ce jour au temple De ta propre fidélité. Ma gloire m’attire ailleurs, Et nous rejoindrons tous deux mon vaisseau à l’aube. ASPASIA: Signor, tutto tu puoi: chi mi diè vita Del tuo voler schiava mi rese, e sia Sol l’ubbidirti la risposta mia. ASPASIE: Tout t’est possible Seigneur, Celui qui me donna le jour, fit de moi ton esclave, Ma réponse ne peut être qu’assentiment. MITRIDATE: Di vittima costretta in guisa adunque Meco all’ara verrai. Barbara, intendo: Tu sdegni un infelice. Più che non credi io ti comprendo, E vedo che il ver pur troppo a me fu detto. Un figlio qui ti seduce E tu l’ascolti, ingrata. Ma di quel pianto infido poco ei godrà. Custodi, Sifare a me. (escono due guardie, che ricevuto l’ordine si ritirano) MITHRIDATE: Tu marches donc vers l’autel Comme une victime qui se soumet. Cruelle, c’est un pauvre homme que tu dédaignes, Et je te comprends mieux que tu ne le penses. On m’avait donc dit la vérité, Un fils ici t’a séduite, et toi ingrate, tu réponds à ses vœux. Mais tes larmes lui seront d’un faible secours. Gardes ! Qu’on fasse venir Xipharès. (Deux gardes entrent et ressortent après avoir reçu l’ordre) ASPASIA: Che far pretendi? Ah Sire. Sifare… ASPASIE: Que vas-tu faire ? Ah, Seigneur ! Xipharès… MITRIDATE: Il so, m’è fido, e forse meno Arrossirei, se d’un malnato affetto Potesse un figlio tal esser l’oggetto. Ma che tenti Farnace sin rapirmi la sposa, E che tu adori un empio ed un audace, Che privo di virtù, senza rossore… (a Sifare, che giunge) Vieni, o figlio, è tradito il genitore. MITHRIDATE: Je sais qu’il m’est fidèle, et sans doute Aurais-je moins honte, si l’objet de ton amour Etait un tel fils. Mais que Pharnace, Me vole ma promise, que tu aimes Cet homme infâme et impudent, Sans vertu, qui ne rougit pas de… (A Xipharès, qui rentre) Viens mon fils, on trahit ton père. Scena IV Scène IV Recitativo Récitatif ASPASIA: (Respiro, o Dei!) ASPASIE: (O dieux, je revis !) SIFARE: Signor, che avvenne? XIPHARÈS: Qu’est-ce ? MTRIDATE: Amante è il tuo german d’Aspasia, essa di lui. Tu, la cui fè non scuote D’un german d’una madre il vil esempio, Dalle trame d’un empio Libera Mitridate, a quest’ingrata Rammenta il suo dover, dille che tema D’irritar l’ire mie, che amor sprezzato Può diventar furore in un momento, E che tardo sarebbe il pentimento. MITHRIDATE: Ton frère est l’amant d’Aspasie qui l’aime en retour. Toi, dont la fidélité résiste Aux terribles exemples d’une mère et d’un frère. Sauve Mithridate de ces intrigues, Et rappelle à l’ingrate quel est son devoir. Qu’elle se garde d’attiser ma colère. Un amour blessé tourne vite à la fureur, Et ses remords alors viendraient trop tard. No. 12, Aria MITRIDATE: (a Sifare) Tu, che fedel mi sei, Serbami, oh Dio! quel core: (a Aspasia) Tu, ingrata, i sdegni miei Lascia di cimentar. (parte) 12. Air MITHRIDATE: (A Xipharès) Toi qui m’est fidèle, Puisses-tu, ô Dieu, me garder ton cœur ! (A Aspasie) Et toi, ingrate, Evite ma colère. (Il sort) Scena V Scène V Recitativo SIFARE Che dirò? Che ascoltai? Numi! e fia vero, Che sia di tanto sdegno Sol Farnace cagion, perchè a te caro? Récitatif XIPHARÈS: Que dire ? Qu’ai-je entendu ? Dieux ! Est-ce possible, que Pharnace soit cause De tant de colère parce qu’il vous est cher ? ASPASIA A me caro Farnace? A Mitridate, che del mio cor non penetrò l’arcano, Perdono un tal sospetto, Non a Sifare, no. ASPASIE: Pharnace me serait cher ? A Mithridate, qui connait mal les secrets de mon cœur, Je puis pardonner une telle pensée, Mais pas à Xipharès. SIFARE Or qual è mai il rival fortunato? XIPHARÈS: Qui est donc cet heureux rival ? ASPASIA Ancor nol sai? Dubiti ancor? Dì, chi pregai poc’anzi Perchè mi fosse scudo contro un’ ingiusta forza? E chi finora senza movermi a sdegno Di parlarmi d’amor, dimmi, fu degno? ASPASIE: Tu l’ignores ? Tu en doutes encore ? Dis-moi, à qui ai-je récemment demandé de m’accorder sa protection ? Et qui a été digne de me parler d’amour Sans causer ma colère ? SIFARE Che intendo! Io dunque sono L’avventuroso reo? XIPHARÈS: Qu’entends-je ? Je suis donc l’heureux coupable ? ASPASIA Pur troppo, o Prence, mi seducesti, E mio malgrado ancora Sento che questo cor sempre t’adora. Da una legge tiranna costretta io tel celai, Ma alfine… Oh Dei! (giunge Arbate) Che reca Arbate? ASPASIE: Hélas, Prince, tu m’as séduite, Et malgré mon bon sens, Je sens bien que mon cœur t’aimera à jamais. Enserrée par de tyranniques liens, J’ai voulu te le cacher mais enfin… (Rentre Arbate) Oh Dieux ! Que viens nous dire Arbate ? Scena VI Scène VI Recitativo ARBATE Alla tua fede il padre, Sifare, applaude, E trattenendo il colpo che Farnace opprimea, Nel campo entrambi chiama i figli ed Aspasia. Anche Ismene presente, Spettatrice non vana a quel ch’io credo, Si brama al gran congresso; il cenno è questo: Recato io l’ho: da voi s’adempia il resto. (parte) Récitatif ARBATE Ton père se réjouit de ta fidélité, Xipharès, Et suspendant le coup destiné à Pharnace, Il vous appelle tous deux ainsi qu’Aspasie, Dans son camp où Ismène aussi sera présente, Spectatrice de marque à cette grande assemblée. Voila l’ordre de Mithridate, ce qui suit dépendra de vous. (Il sort) Scena VII Scène VII Recitativo ASPASIA Oh giorno di dolore! Récitatif ASPASIE O jour douloureux! SIFARE Oh momento fatale, Che mi fa de’ viventi il più felice, E ‘l più misero ancor? Che non tacesti, adorata Regina? Io t’avrei forse con più costanza In braccio mirata al genitor. XIPHARÈS O moment fatidique où je me trouve à la fois Le plus heureux et le plus malheureux des hommes ! Pourquoi m’avoir tout dit, reine adorée, Je t’aurais alors vue Dans les bras de mon père Avec plus de constance. ASPASIA Deh non cerchiamo d’indebolirci inutilmente. Io tutto ciò che m’impone il mio dover comprendo, Ma di tua fede anche una prova attendo. ASPASIE Ne nous attendrissons pas davantage. Je sais ce que m’ordonne le devoir Et n’attends qu’une preuve de ton amour. SIFARE Che puoi bramar? XIPHARÈS Qu’attends-tu de moi ? ASPASIA Dagli occhi miei t’invola, Non verdermi mai più. ASPASIE Que tu disparaisses de mes yeux à jamais. SIFARE Crudel comando! XIPHARÈS : Quel ordre cruel! ASPASIA Necessario però. Troppo m’è nota la debolezza mia; Forse maggiore di lei non è la mia virtù: Potrebbe nel vederti talor fuggir dal seno Un indegno sospiro, e l’alma poi Verso l’unico e solo suo ben, Da cui la vuol divisa il cielo, Prender così furtivamente il volo. Misera, qual orrore sarebbe il mio! Quale il rimorso! ASPASIE Mais il est nécessaire. Je ne connais que trop ma faiblesse, Qui risque de surpasser ma vertu. En te voyant, un soupir traître m’échapperait, Et alors mon âme s’envolerait Vers le seul et unique amour, Dont le ciel veut la séparer. Misérable que je suis! Quelle honte serait la mienne, Quels regrets ! E come potrei lavar macchia sì rea giammai Se non col sangue mio! Deh se fu pura la fiamma tua, Da un tal cimento, o caro, libera la mia gloria. Il duro passo ti costa, il so, Ma questo passo, oh quanto Anche a me costerà d’affanno e pianto! Et comment laver une telle erreur Sinon de mon propre sang ? Si ton amour est pur, tu m’éviteras, Mon bien-aimé, ce supplice. Cela t’en coûtera, je le sais, Mais combien de larmes et d’angoisses Ce pas m’en coûtera-t-il aussi ! Recitativo accompagnato SIFARE Récitatif accompagné XIPHARÈS Non più, Regina, oh Dio! non più. Se vuoi Sifare ubbidiente a questo segno, Tenera tanto ah non mostrarti a lui. Delle sventure altrui, del tuo cordoglio L’empia cagione io fui, svelandoti il mio cor, Portando al soglio del caro genitore L’insana smania d’un’ ingiusto amore. Ah perchè sul mio labbro, o sommi Dei, Con fulmine improvviso Annientar non sapeste i detti miei! Innocente morrei... Ne parle plus, Reine, O Dieux, ne parle plus ! S’il faut que Xipharès obéisse à cet ordre, Témoigne-lui moins de tendresse. C’est moi qui suis la cause du malheur de tant d’autres, Et de tes pleurs. En t’ouvrant mon cœur, J’ai souillé le trône paternel d’un amour illicite. Grands Dieux ! Pourquoi n’avoir pas, d’un coup de tonnerre, Détruit les mots sur mes lèvres ? Je serais alors mort innocent… ASPASIA Sifare, e dove impeto sconsigliato ti trasporta? Che di più vuoi da me? Ritorna, oh Dio! alla ragion, se pur non mi vuoi morta. ASPASIE Xipharès, où te mènera cette folle violence ? Que veux-tu encore de moi ? Reviens à la raison, si tu ne veux pas me voir morte. SIFARE Ah no; perdon, errai. Ti lascio in seno all’innocenza tua. Da te m’involo, perchè tu vuoi così, Perchè lo chiede la fede, il dover mio, La pace del tuo cor... Aspasia, addio. XIPHARÈS Oh, pardonne-moi, j’ai eu tort. Je veux préserver ton innocence. Je m’éloigne de ta vue, puisque tu le souhaites, Et puisque l’exigent ma loyauté, mon devoir, et la paix de ton coeur. Aspasie… Adieu. No. 13, Aria SIFARE Lungi da te, mio bene, Se vuoi ch’io porti il piede, Non rammentar le pene Che provi, o cara, in te. 13. Air XIPHARÈS Loin de toi, ma bien-aimée, Si tu le veux, je porterai mes pas. Oublie les souffrances que tu as traversées, O chère. Parto, mia bella, addio, Che se con te più resto Ogni dovere obblio, Mi scordo ancor di me. (si ritira) Je te quitte, ma belle, adieu, Car en restant, J’oublierais tous mes devoirs, Je m’oublierais moi-même. (Il sort) Scena VIII Scène VIII Recitativo accompagnato ASPASIA Grazie ai Numi partì. Ma tu qual resti, sventurato mio cor! Ah giacchè fosti di pronunziar capace La sentenza crudel, Siegui l’impresa che ti detto virtù. Scorda un oggetto per te fatal, Rifletti alla tua gloria, E assicura così la tua vittoria. Récitatif accompagné : ASPASIE Le dieux en soient remerciés, il est parti. Mais toi, tu es toujours là, pauvre cœur ! Ah, puisque tu as prononcé la cruelle sentence, Suis à présent la route dictée par la vertu. Oublie cet homme qui t’est fatal, Pense à ta gloire Et assure ainsi ta victoire. Ingannata ch’io son! Tentar lo posso, e il tenterò Poichè ‘l prescrive, ahi lassa, Tanto giusto il dover, quanto inumano; Ma lo sperar di conseguirlo è vano. Mais je me trompe moi-même, Je dois tenter, et je tenterais, Ce que me commande un devoir Aussi juste qu’il est inhumain, Mais qu’il est vain l’espoir d’y parvenir ! No. 14, Aria ASPASIA Nel grave tormento Che il seno m’opprime, Mancare già sento La pace del cor. 14. Air ASPASIE Dans le lourd tourment Qui m’écrase le sein, Je sens déjà faiblir La paix de mon coeur. Al fiero contrasto Je ne puis faire face Resister non basto: E strazia quest’alma Dovere ed amor. à cet affreux conflit, Le devoir et l’amour déchirent mon âme. Scena IX Scène IX Campo di Mitridate. Alla destra del teatro e sul davanti gran Padiglione Reale con sedili. Indietro folta selva ed esercito schierato, ecc. Mitridate, Ismene ed Arbate, Guardie Reali vicino al padiglione, e soldati parti in faccia al medesimo. Le camp de Mithridate. A l’avant-scène, côté cour, la tente royale où sont disposées des chaises. Des troupes en rang sont devant une épaisse forêt... Mithridate, Ismène et Arbate sont avec la garde Royale près de la tente face aux soldats Parthes. Recitativo MITRIDATE: Qui, dove la vendetta Si prepara dell’Asia, o Principessa, Meco seder ti piaccia. (siedono Mitridate ed Ismene) Récitatif MITHRIDATE Alors que l’on prépare ici la vengeance de l’Asie, Te plairait-il princesse De t’asseoir à mes côtés ? (Ils s’asseyent) ISMENE: A’ cenni tuoi Pronta ubbidisco. Ma Farnace? ISMÈNE J’obéis à tes ordres, Mais où est Pharnace ? MITRIDATE: Ancora, mercè di tue preghiere, Pende indeciso il suo destino. Al cielo piacesse almen, ch’oltre un rivale In lui non ritrovassi un traditor! MITHRIDATE Grâce à tes prières en sa faveur, Son sort est encore indécis. J’espère ne pas trouver en lui Un rival doublé d’un félon. ISMENE: Che dici! ISMÈNE Que dis-tu? MITRIDATE: Forse pur troppo il ver. De’ miei nemici ei mendica il favore Per quel che intendo, ed ha Romano il cuore. MITHRIDATE Peut-être la triste vérité. J’entends qu’il cherche l’aide de mes ennemis Et que son coeur penche pour Rome. ISMENE: Che possa, oh Dei! Farnace D’attentato sì vil esser capace? ISMÈNE Mais Pharnace serait-il capable, ô Dieux D’un acte aussi vil ? MITRIDATE: Tosto lo scorgerò. Vengano, Arbate, i figli a me. MITHRIDATE Je le saurai bientôt. Arbate, fais venir mes fils. ARBATE: Già gli hai presenti, o Sire. ARBATE Seigneur, ils sont déjà là. Scena X Farnace, Sifare e detti. Scène X Pharnace, Xipharès, les mêmes. Recitativo MITRIDATE: Sedete, o Prenci, e m’ascoltate. (siedono Sifare e Farnace) Récitatif MITHRIDATE Asseyez-vous, Princes, et écoutez-moi. (Xipharès et Pharnace s’assoient.) È troppo noto a voi Mitridate, Per creder ch’egli possa in ozio vile Passar più giorni ed aspettar che venga Qui di nuovo a cercarlo il ferro ostile. Il terribile acciaro riprendo, o figli, E da quest’ erme arene, cinto d’armi e di gloria, L’onor m’affretto a vendicar del soglio, Ma non già su Pompeo, sul Campidoglio. Vous connaissez trop bien Mithridate Pour croire qu’il attendra plus longtemps Que l’épée ennemie vienne à nouveau le défier. Je reprends, ô mes fils, le terrible glaive, Auréolé de ma gloire, revêtu de mon armure, Et je pars venger l’honneur de mon trône, Non vers Pompée, Mais directement au capitole. SIFARE: Sul Campidoglio? XIPHARÈS Au capitole ? FARNACE: (Oh van consiglio!) PHARNACE (O vain projet !) MITRIDATE: Ah forse cinta da inaccessibili difese Roma credete, o vi spaventa Il lungo disastroso sentiero? All’Asia non manchi un Mitridate, Ed essa il trovi, Farnace, in te. Sposo ad Ismene i regni difendi e i doni suoi: passa l’Eufrate, combatti, e là sui sette colli, Ov’io eretto avrò felicemente il trono, Di tue vittorie a me poi giunga il suono. MITHRIDATE Peut-être croyez-vous leurs défenses imprenables ? Ou est-ce la longue route qui vous effraie ? Que l’Asie ne soit pas privée d’un Mithridate, Et qu’elle le retrouve en toi, Pharnace. Epoux d’Ismène, tu défendras ses royaumes et sa dot, Traverse l’Euphrate et livre combat. Du haut des sept collines ou j’aurai placé mon trône, Je veux que me parvienne le son de tes victoires. FARNACE: Ahi qual nemico nume Sì forsennata impresa può dettarti, o Signor? Ma quanta de’ tuoi regni parte illesa riman! Questa piuttosto sia tua cura a serbar. Se t’allontani, chi fido resterà? Chi m’assicura del volubile Parto e come... PHARNACE Quel démon malveillant, Te donne ces idées insensées, Seigneur ? Combien de tes contrées ne sont pas menacées ! Ne vaudrait-il pas mieux les protéger Si tu parts, qui donc nous restera fidèle ? Des versatiles Parthe, qui me protégera ? Et comment... SIFARE: E giusto, che là donde le offese vengono a noi, Della vendetta il peso tutto vada a cader. Solo ti piaccia a men canuta etade Affidarne la cura, E mentre in Asia la viltà di Farnace Ti costringe a restar, cedi l’onore Di trionfar sul Tebro al mio valore. XIPHARÈS Il est juste que le poids de la vengeance Tombe là d’où l’offense est venue. Mais s’il te plaisait, Mithridate, à un homme plus jeune De confier cette tâche Alors qu’en Asie la lâcheté de Pharnace T’oblige à rester, tu m’accorderais l’honneur De triompher sur le Tibre et d’éprouver ma valeur. FARNACE: Vana speranza. A Roma siamo indarno nemici. Al tempo, o padre, con prudenza si serva, E se ti piace, Si accetti, il dirò pur, l’offerta pace. PHARNACE Fol espoir ! Des romains nous sommes vainement ennemis. Il est temps encore, Père, de faire preuve de raison. Je t’en prie, accepte leur offre de paix. MITRIDATE (Brami, Ismene, di più? L’empio già quasi da se stesso si scopre.) E chi di questa è il lieto apportator? MITHRIDATE (Ismène, qu’y a-t-il d’autre à entendre ? L’impie s’est trahi de lui-même.) Et qui de Rome se fait l’aimable messager ? Scena XI Marzio e detti. Scène XI Marzio et les autres Recitativo MARZIO Signor, son io. Récitatif MARZIO Seigneur c’est moi. MITRIDATE Cieli! Un Roman nel campo? (s’alza impetuosamente da sedere, e seco si alzano tutti) MITHRIDATE Ciel ! un Romain dans mon camp ! (Il se lève brusquement, tous l’imitent) SIFARE Ei con Farnace venne in Ninfea. XIPHARÈS C’est avec Pharnace qu’il est venu à Nymphée. MITRIDATE Ed io l’ignoro! Arbate, si disarmi Farnace, MITHRIDATE Et je n’en savais rien ! Arbate, désarme Pharnace, E nel profondo della torre maggior La pena attenda dovuta a’ suoi delitti. (Arbate si fa consegnare la spada da Farnace) Jette-le au plus profond de la grande tour Pour qu’il attende de ses crimes la sentence. (Arbate désarme Pharnace) MARZIO Almen... MARZIO Au moins… MITRIDATE Non odo chi un figlio mi sedusse. Onde venisti, temerario, ritorna: Il tuo supplicio sospendo sol perchè narrar tu possa Ciò che udisti e vedesti alla tua Roma. MITHRIDATE Je n’écouterai pas celui qui a corrompu mon fils. Rentre chez toi, téméraire Romain, Si je te fais grâce, c’est uniquement pour que tu puisses rapporter à Rome ce que tu as vu ici. MARZIO Io partirò: ma tuo malgrado in breve colei, Che sordo sprezzi e che m’invia, Ritroverà di farsi udir la via. (parte) MARZIO Je pars. Mais bientôt, que tu le veuilles ou non, Celui qui m’envoie Trouvera le moyen de se faire entendre. (Il sort) Scena XII Scène XII Recitativo MITRIDATE: Inclita Ismene, Oh quanto arrossisco per te! Récitatif MITHRIDATE Noble Ismène, Comme j’ai honte pour toi ! ISMENE: Lascia il rossore A chi nel concepir sì reo disegno D’un tanto genitor si rese indegno. ISMÈNE Laisse-la honte à celui qui, En échafaudant d’infâmes projets, S’est rendu indigne d’un père tel que toi. No. 15, Aria ISMENE: So quanto a te dispiace L’error d’un figlio ingrato: Ma pensa alla tua pace, Questa tu dei serbar. 15. Air ISMÈNE Je sais combien te chagrine, La faute d’un fils ingrat. Songe pourtant à la paix, Que tu te dois de préserver. Spettacolo novello Non è, se un arboscello Dal tronco donde è nato Si vede tralignar. (parte seguita da’ suoi Parti) Il n’est pas rare Qu’une maigre branche Ne sache imiter la force du tronc Qui lui donna la vie. (Elle sort, suivie des Parthes) Scena XIII Scène XIII Recitativo FARNACE: Ah, giacché son tradito, Tutto si sveli omai. Per quel sembiante Che fa pur troppo il mio maggior delitto, Ad oltraggiarti, o padre, Sappi, che non fui solo. È a te rivale Sifare ancor, Ma più fatal; Che dove ripulse io sol trovai, sprezzi e rigore, Ei di me più gradito ottenne amore. Récitatif PHARNACE Ah ! Puisque je me vois trahi, Que tout te soit révélé, ô père. C’est pour ce beau visage Que j’ai commis ce crime impardonnable ! Sache pourtant que je ne fus pas le seul Xipharès est aussi ton rival. Mais plus sérieux encore, car si je n’ai récolté Que mépris, refus et dureté, On lui a accordé l’amour. No. 16, Aria FARNACE: (a Mitridate) Son reo; l’error confesso; E degno del tuo sdegno 16. Air PHARNACE (A Mithridate) Je suis coupable, je le confesse, Et digne de ton dédain. Non chiedo a te pietà. Ma reo di me peggiore Il tuo rivale è questo, (accennando Sifare) Che meritò l’amore Della fatal beltà. (a Sifare) Nel mio dolor funesto Gemere ancor tu dei; Ridere a danni miei Sifare non potrà. (parte condotto via da Arbate e dalle Guardie Reali) Je n’implore pas ta grâce Mais sache que celui-là Est plus coupable encore. (Il montre Xipharès) N’a-t-il pas conquis l’amour de cette fatale beauté ? (A Xipharès) De ma douleur extrême ; Tu souffriras aussi. Et il ne sera pas donné à Xipharès De rire de ma perte. (Arbate et la garde royale l’entraînent) Scena XIV Scène XIV Recitativo SIFARE: E crederai, Signor... Récitatif XIPHARES Tu ne croiras pas, Seigneur… MITRIDATE: Saprò fra poco Quanto creder degg’io. Colà in disparte ad Aspasia, che viene, Celati e taci. Violato il cenno, Ambi vi renderà degni di morte. Udisti? SIFARE: Udii. (Deh non tradirmi, oh sorte.) (si nasconde dietro al padiglione) MITRIDATE: (Ecco l’ingrata. Ah seco l’arte si adopri E dal suo labbro il vero con l’inganno si tragga.) Alfin, Regina, torno in me stesso, E con rossor ravviso che il volerti mia sposa Al mio stato ed al tuo troppo disdice. Grave d’anni, infelice, fuggitivo e ramingo Io più non sono che un oggetto funesto, E tu saresti, congiunta a Mitridate, Sventurata per sempre. Ingiusto meno egli sia teco, E quando guerra e morte parte a cercar, Con un miglior consiglio Per isposo ad Aspasia offra un suo figlio. SIFARE: (Che intesi!) ASPASIA: (Oh ciel!) MITRIDATE: Non è Farnace: Invano vorresti unirti a quell’indegno, E questa destra, che tanto amai per mio tormento, Solo a Sifare io cedo. SIFARE: (Oh tradimento!) MITHRIDATE Je saurais bientôt Ce qu’il m’en faut croire. Voilà Aspasie qui vient, Cache-toi et fais silence, Ta désobéissance Sera votre mort à tous les deux. Entends-tu ? XIPHARÈS J’entends. (Ne me trahis pas, ô destin) (Il se cache derrière la tente.) MITHRIDATE (Voilà l’ingrate. Avec elle il me faut user d’artifices afin que sur ses lèvres, le mensonge se transforme en vérité.) J’y vois enfin clair, ma Reine, Et me rends compte avec honte, Que mon désir de t’épouser s’oppose à nos intérêts. Alourdi par les ans, Malheureux, fugitif et errant, Je ne suis plus qu’un être funeste. Unie à moi, tu serais à jamais malheureuse. Je serai moins injuste envers toi, Alors que je pars chercher la mort à la guerre, Je te donne l’un de mes fils en mariage. XIPHARÈS (Qu’entends-je ?) ASPASIE (Oh, Ciel!) MITHRIDATE Il ne s’agit pas de Pharnace. Vainement, tu as voulu t’unir à cet homme indigne. Et cette main que j’ai tant aimée avec tourment, C’est à Xipharès que je la cède. XIPHARÈS (Quelle traîtrise!) ASPASIA: Eh lascia di più affliggermi, o Sire. A Mitridate so che fui destinata, E so ch’entrambi siamo in questo momento all’ara attesi. Vieni. ASPASIE Cesse, de m’affliger, ô Seigneur. C’est à Mithridate que j’ai été destinée Et je sais qu’à l’instant, nous sommes tous deux attendus à l’autel. Viens. MITRIDATE: Lo veggo, Aspasia: a mio dispetto Vuoi serbar per Farnace Tutti gli affetti del tuo core ingrato. E già l’odio, e il disprezzo Passò dal padre al figlio sventurato. MITHRIDATE Je vois bien, Aspasie, que tu entends, Pour me blesser, conserver à Pharnace Tout l’amour de ton cœur ingrat. Et déjà La haine et le mépris que tu voues au père Tu les reportes sur le fils malchanceux. ASPASIA: Io sprezzarlo, Signor? ASPASIE Moi, Seigneur, le mépriser ? MITRIDATE: Più non m’oppongo. La vergognosa fiamma siegui a nutrir; E mentre illustre morte In un qualche del mondo angolo estremo Vo’ col figlio a cercar, Col tuo Farnace tu qui servi ai Romani. Andiamo, io voglio di tanti tuoi rifiuti Vendicarmi sul campo Con darti io stesso in braccio a un vil ribelle. MITHRIDATE Je ne la défends plus Cette hideuse flamme que tu entretiens ; Et alors qu’une mort illustre m’attendra, Avec mon fils, dans un recoin de la terre, Tu resteras avec Pharnace à servir les Romains. Partons, j’espère me laver de tous tes refus Sur les champs de bataille, et te laisse aux bras D’un lâche rebelle. SIFARE: (Ah, seguisse a tacer, barbare stelle!) XIPHARÈS (Dieux cruels, faites qu’elle se taise!) ASPASIA: Pria morirò. ASPASIE J’en mourrai avant. MITRIDATE: Tu fingi invano. MITHRIDATE C’est en vain que tu dissimules tes sentiments. ASPASIA: Io, sire? Mal mi conosci e poichè alfin non credo Che ingannarmi tu voglia... ASPASIE Moi Seigneur ? Tu me connais bien mal, Et puisque je ne veux pas croire que tu aies voulu me duper... SIFARE: (Oh incauta!) XIPHARÈS (Quelle innocence!) ASPASIA: Apprendi, Che per Farnace mai non s’accese il mio cor, Che prima ancora di meritar l’onor d’un regio sguardo Quel tuo figlio fedel, quello che tanto Perchè simile al padre, e a te diletto... ASPASIE Apprends, Que mon cœur n’a jamais brûlé pour Pharnace, Et qu’avant même d’avoir mérité ton souverain regard, C’est ce fils si loyal, si semblable à son père et tendrement aimé de lui… MITRIDATE: L’amasti? Ed ei t’amava? MITHRIDATE Tu l’aimais ? Et il t’aimait? ASPASIA: Ah fu l’affetto reciproco, o Signor... Ma che? Nel volto ti cangi di color? ASPASIE C’était Seigneur, un amour réciproque… Mais quoi? Ton visage change de couleur? MITRIDATE: Sifare. MITHRIDATE Xipharès. ASPASIA: (Oh Dio! Sifare è qui?) ASPASIE (O Dieux ! Xipharès est ici!) SIFARE: (facendosi avanti) Tutto è perduto. XIPHARÈS (S’avançant) Tout est perdu. ASPASIA: (a Mitridate) Io dunque Fui tradita, o crudel? ASPASIE (A Mithridate) O cruel. Me voilà donc trahie? MITRIDATE: Io solo son finora il tradito. Voi nella reggia, indegni, fra breve attendo. Ivi la mia vendetta render pria di partir saprò famosa Colla strage de’ figli, e della sposa. MITHRIDATE Je suis jusqu’ici le seul à avoir été trahi. Etres indignes, je vous attends dans quelques instants au palais Où j’exécuterais ma vengeance en me rendant célèbre Du meurtre de mes fils et de ma promise. No. 17, Aria MITRIDATE: Già di pietà mi spoglio, Anime ingrate, il seno: Per voi già sciolgo il freno, Perfidi, al mio furor. 17. Air MITRIDATE Je me défais maintenant de toute pitié, Et sur vous âmes ingrates, je déverse Toute ma fureur. Padre ed amante offeso Voglio vendetta, e voglio Che opprima entrambi il peso Del giusto mio rigor. (parte) Blessé comme père et comme amant, Je crie vengeance et exige Que ma juste rigueur vous écrase De tout son poids. (Il sort) Scena XV Scène XV Recitativo ASPASIA: Sifare, per pietà stringi l’acciaro, E in me de’ mali tuoi Punisci di tua man la rea sorgente. Récitatif ASPASIE Xipharès, par pitié, Dégaine ton arme et de ta propre main Châtie la coupable, source de tous tes maux. SIFARE: Che dici, anima mia? N’è reo quel fato, che ingiusto mi persegue. Egli m’ha posto in ira al padre, Ei mio rival lo rese, Ed or l’indegna via Di penetrar nell’altrui cor gli apprese. XIPHARES Que dis-tu, mon âme, ? Le coupable, c’est ce destin qui injustement me poursuit. Il attire le courroux de mon père, Fait de moi son rival, et vient de lui Souffler cette indigne façon de sonder le cœur d’autrui. ASPASIA: Ah se innocente, o caro, Mi ti mostra il tuo amor, Non lascia almeno d’esser meco pietoso. Eccoti il petto, ferisci omai. Di Mitridate, oh Dio! si prevenga il furor. ASPASIE Si ton amour pour moi, ô mon bien-aimé, Me fait apparaître innocente à tes yeux, Qu’au moins, il ne m’épargne pas, Voici mon sein, frappe-le de ton épée, Et devançons, ô dieux, la colère de Mithridate. SIFARE: Col sangue mio, sol che Aspasia lo voglia, Tutto si sazierà. Ah mia Regina, sappiti consigliare: A compiacerlo renditi pronta, O almen ti fingi: Alfine pensa, ch’egli m’è padre; A lui giurando eterna fede ascendi il trono, E lascia che nella sorte sua barbara tanto XIPHARES C’est avec mon propre sang, Si Aspasie le désire, que je suis prêt à expier. Ah, ma Reine, écoute mes conseils. Montre-toi prête à lui plaire Ou du moins à lui faire croire. N’oublie pas, qu’après tout, il est mon père, Jure-lui une fidélité éternelle, monte sur le trône, Et que le triste sort de Xipharès ne te coûte Sifare non ti costi altro che pianto. Pas plus que des larmes. Recitativo accompagnato ASPASIA: Io sposa di quel mostro, Il cui spietato amore ci divide per sempre? Récitatif accompagné ASPASIE Moi, épouser ce monstre Dont l’amour impitoyable nous sépare à jamais ? SIFARE: E pur poc’anzi non parlavi così. XIPHARES Tu ne parlais pas ainsi, il y a quelques instants. ASPASIA: Tutta non m’era la sua barbarie ancor ben nota. Or come un tale sposo all’ara potrei seguir: Come accoppiar la destra A una destra potrei tutta fumante Del sangue, aimè, del trucidato amante? No, Sifare, perdona, io più nol posso, E invan mel chiedi. ASPASIE C’est que j’ignorais encore toute l’étendue de sa barbarie. Comment suivre un tel homme à l’autel ? Comment prendre dans ma main, une main Encore trempée du sang de mon amant ? Non Xipharès, pardonne-moi, je ne le peux, C’est en vain que tu me le demandes. SIFARE: E vuoi... XIPHARES Tu veux donc… ASPASIA: Sì, precederti a Dite. A me non manca per valicar quel passo E coraggio, ed ardir; ma non l’avrei Per mirar del mio ben le angosce estreme. ASPASIA Te précéder dans la mort, oui. Je ne manque ni de courage ni d’ardeur Pour franchir ce pas, mais il m’en manquerait Pour assister aux derniers instants de mon bien-aimé. SIFARE: No, mio bel cor, Noi moriremo insieme. XIPHARES Non, mon âme, Nous partirons ensemble. No. 18, Duetto SIFARE: Se viver non degg’io, Se tu morir pur dei, Lascia, bell’idol mio, Ch’io mora almen con te. 18. Duo XIPHARES Si je ne puis vivre, Et si tu dois mourir Laisse-moi au moins, idole de mon coeur, Mourir à tes côtés. ASPASIA: Con questi accenti, oh Dio! Cresci gli affanni miei, Troppo tu vuoi, ben mio, Troppo tu chiedi a me. ASPASIE O Dieux ! Par ces accents Tu aggraves mes peines. Tu m’en demandes trop, mon amour, Tu exiges trop de moi. SIFARE: Dunque... XIPHARES Alors… ASPASIA: Deh taci. ASPASIE Hélas, tais-toi ! SIFARE: Oh Dei! XIPHARES O Dieux ! APASIA, SIFARE: Ah, che tu sol, tu sei, Che mi dividi il cor. Barbare stelle ingrate, Ah, m’uccidesse adesso L’eccesso del dolor! ASPASIE, XIPHARES Ah, que toi seul/seule Partages mon cœur. Astres cruels et ingrats, Puisse cet excès de douleur Me tuer sur le champ ! CD 3 CD 3 ATTO TERZO TROISIEME ACTE Scena I Orti pensili. Mitridate con guardie. Scène I Les Jardins Suspendus. Mithridate et ses gardes Recitativo MITRIDATE: Pera omai chi m’oltraggia, Ed il mio sdegno più l’un figlio dall’altro Di distinguer non curi. Vadasi, e a cader sia Sifare il primo... (Aspasia con le bende del real diadema squarciate in mano, seguita da Ismene) Ahi, qual incontro! Récitatif MITHRIDATE Que ceux qui m’on fait offense périssent, Et que mon mépris ne distingue plus un fils de l’autre. Avancez ! Et que Xipharès tombe le premier. (Aspasie entre, avec dans les mains les bandeaux du diadème royal en lambeaux, suivie d’Ismène) Ah, quelle rencontre ! ASPASIA: (gettando via dispettosamente le bende suddette) A terra, vani impacci del capo. Alla mia morte di strumento funesto Giacchè nemmen servite, io vi calpesto. ASPASIE (Jetant dédaigneusement les lambeaux de son diadème) Vain fardeau qui ceignait mon front, récolte la poussière. Puisqu’au moment de ma mort Tu n’es qu’un fatal ornement, je te foule aux pieds. MITRIDATE: Qual furor? MITHRIDATE Autant de fureur ? ISMENE: Degno, o Sire, di chi libera nacque. I doni tuoi di rendersi fatali disperata tentò, Ma i Numi il laccio infransero pietosi. Ah se t’è cara la vita sua, Se ancor tu serbi in seno qualche d’amor scintilla, Un’ira affrena, che forse troppo eccede, E ciò, che invano per le vie del rigor tenti ottenere, L’ottenga la clemenza. ISMENE C’est la digne fureur, Seigneur, D’un être né libre. Elle a voulu, dans son désespoir Utiliser ces présents pour mettre fin à ses jours, Mais les dieux, avec miséricorde en ont brisé le nœud. Si tu tiens à sa vie, s’il te reste un peu d’amour pour elle, Retiens une fureur peut-être excessive, Pour obtenir par la clémence ce que tu n’as pu obtenir par la force. MITRIDATE: E che non feci, Principessa, finor? MITHRIDATE Mais qu’ai-je fait d’autre, Princesse, jusqu’à présent? ISMENE: Nell’ardua impresa Non stancarti sì presto. Fa che il cupido amante Si ravvisi da lei, non il regnante. ISMENE Ne laisse pas cette difficile tâche Avoir si vite raison de toi. Et prends garde que ce soit l’amant, Et non le roi qui s’adresse à elle. MITRIDATE: Quanto mi costa, o Dio, L’avvilirmi di nuovo! Ma il vuoi? Si faccia. MITHRIDATE Combien il m’en coûte, ô Dieux, De m’abaisser encore ! Mais tu l’exiges, qu’il en soit ainsi ! ISMENE: Ah sì: d’esempio Ismene, Signor, ti serva. Io quell’oltraggio istesso soffro, Che tu pur soffri, e non pretendo Con eccesso peggiore Di vendicare il mio tradito amore. ISMENE Seigneur, qu’Ismène te serve d’exemple. Je souffre du même outrage que toi, Mais ne souhaite pas avec une telle violence, La vengeance de mon amour trahi. No. 19, Aria ISMENE: Tu sai per chi m’accese Quanto sopporto anch’io, E pur l’affanno mio Non cangiasi in furor. 19. Air ISMENE Tu sais bien pour qui brûla mon cœur, Et combien je souffre, moi aussi. Et pourtant ma douleur ne devient pas fureur. Potrei punirlo, è vero, Ma tollero le offese, E ancora non dispero Di vincere quel cor. (parte) Je supporterai les injures et la honte, Et ne désespère pas De reconquérir Le cœur bien-aimé. (Elle sort) Scena II Scène II Recitativo ASPASIA: Re crudel, Re spietato, ah lascia almeno Ch’io ti scorga una volta sul labbro il ver. Non ingannarmi, e parla: di Sifare che fu? Vittima forse del geloso tuo sdegno ei già spirò? Récitatif ASPASIE Roi cruel et sans pitié, qu’au moins une fois La vérité sorte de ta bouche. Ne me trompe pas et parle : qu’est devenu Xipharès ? Est-il déjà tombé, victime de ta jalouse rage ? MITRIDATE: No, vive ancora, e puoi Assicurar, se ‘l brami, i giorni suoi. MITHRIDATE Non, il vit encore Princesse, Et il ne tient qu’à toi d’assurer ses jours. ASPASIA: Come? ASPASIE Comment ? MITRIDATE: Non abusando della mia sofferenza, alle mie brame Mostrandoti cortese e nel tuo core Quel ben, che mi si deve, a me rendendo. A tal patto io sospendo il corso all’ire mie. Del tutto, Aspasia, col don della tua destra Deh vieni a disarmarle. MITHRIDATE N’abuse pas de ma souffrance, Montre-toi favorable à mes vœux. Donne-moi une place dans ton cœur comme tu me le dois. A ces conditions, Aspasie, ma colère se calmera. Et elle s’achèvera enfin, lorsque tu me donneras ta main. ASPASIA: Invan tu speri, ch’io mi cangi, o Signor. Prieghi non curo e minacce non temo. Appien comprendo qual sarà il mio destin; Ma nol paventa chi d’affrettarlo ardì. ASPASIE Tu espères vainement, Seigneur, voir changer mon cœur. Tes menaces me laissent de glace. Sourde à tes prières, Je comprends pleinement quel est mon sort, Mais ne crains pas celui qui le veut hâter. MITRIDATE: Pensaci: ancora un momento a pentirti T’offre la mia pietà. MITHRIDATE Réfléchis bien. Ma compassion t’offre un bref sursis pour te repentir. ASPASIA: Di questa, o Sire, che inutile è per me, Provi gli effetti l’innocente tuo figlio. Il tuo furore di me quanto gli aggrada omai risolva; Ma perdendo chi è rea Sifare assolva. ASPASIE Ta compassion m’est inutile, Reporte ses bienfaits, Seigneur, sur ton fils innocent. Disperse sur moi ta fureur et, perdant la coupable, Pardonne à Xipharès. MITRIDATE: Sifare? Ah scellerata! E vuoi ch’io creda fido a me chi ti piacque E chi tuttora occupa il tuo pensier? No, lo condanna la tua stessa pietà. Di mia vendetta teco vittima ei sia. MITHRIDATE Xipharès ? Ah scélérate ! Peut-il m’être loyal, celui qui occupe Chacune de tes pensées ? Non. Ta pitié même le condamne, Ma vengeance vous frappera tous deux. Scene III Arbate e detti. Scène III Arbate et les autres Recitativo ARBATE: Mio Re, t’affretta o a salvarti, o a pugnar. Scesa sul lido l’oste romana In un momento in fuga le tue schiere ha rivolte, E a queste mura già reca orrido assalto. Récitatif ARBATE Il faut te hâter, Altesse, de fuir ou de combattre, L’armée Romaine, descendue soudainement sur nos rives A mis tpm armée en fuite. Elle s’apprête A attaquer férocement nos remparts. MITRIDATE: MITHRIDATE Avete, o Numi, più fulmini per me? Alla difesa corrasi, Arbate. (ad Aspasia) Del disastro mio tu non godrai, Donna infedele: addio. Vous reste-t-il encore tant de foudre, O Dieux ? Pressons Arbate, il faut défendre la ville. (A Aspasie) De mon infortune tu ne te réjouiras pas, Femme infidèle, adieu. No. 20, Aria MITRIDATE: Vado incontro al fato estremo, Crudo ciel, sorte spietata; Ma frattanto un’alma ingrata L’ombra mia precederà. (parte, seguito da Arbate e dalle Guardie Reali) 20. Air MITHRRIDATE Je vais à la rencontre de mon ultime destin, Cieux injustes, sort sans pitié ! Cependant une âme ingrate, Précèdera la mienne. (Il sort, suivi d’Arbate et de la garde royale) Scena IV Scène IV Recitativo ASPASIA: Lagrime intempestive, a che dal ciglio Malgrado mi scendete ad inondarmi il sen? Di debolezza tempo or non è. Con più coraggio attenda il termine de’ mali un infelice: Già quell’ultimo addio tutto mi dice. (viene un Moro, il quale presenta ad Aspasia sopra una sottocoppa la tazza del veleno) Récitatif ASPASIE Ah, larmes intempestives, Malgré moi vous tombez de mes yeux Pour inonder mon sein. L’heure n’est pas à la faiblesse. Dans l’infortune, On attend la fin avec plus de courage. Tout m’annonce déjà le dernier adieu. (Un sarrasin lui apporte une coupe de poison sur un plateau.) Recitativo accompagnato ASPASIA: Ah ben ne fui presaga! Il dono estremo di Mitridate ecco recato. O destra, temerai d’appressarti al fatal nappo tu, Che ardita al collo mi porgesti le funi? Eh no, si prenda, (Aspasia prende in mano la tazza, ed il Moro si ritira) E si ringrazi il donator. Per lui ritorno in libertà; Per lui poss’io dispor della mia sorte E nella tomba col fin della mia vita Quella pace trovar, che m’è rapita. Récitatif accompagné ASPASIE Juste pressentiment ! Voilà le dernier cadeau de Mithridate. Main, trembleras-tu à l’approche de la coupe fatale, toi, qui ardente ceignit mon cou de cordes ? Ah, non ! Saisissons-la (Elle prend la coupe tandis que le sarrasin sort) Et remercions-en le donateur, Car il me rend ma liberté, Et grâce à lui je retrouverai Dans la tombe La paix de l’âme qui m’a été ravie. No. 21, Cavatina ASPASIA: Pallid’ombre, che scorgete Dagli Elisi i mali miei, Deh pietose a me rendete Tutto il ben che già perdei. 21. Cavatine ASPASIE Pâles ombres, Qui observez mon malheur Depuis les Champs Elysées, prenez pitié, Et rendez-moi tout le bonheur que j’ai perdu. Recitativo accompagnato ASPASIA: Bevasi... Ahimè, qual gelo trattien la man?... Qual barbara conturba idea la mente? In questo punto ah forse beve la morte sua Sifare ancora. Oh timor, che mi accora! Oh immagine funesta! Fia dunque ver? No, l’innocenza i Numi ha sempre in suo favor. D’Eroe sì grande veglian tutti in difesa, E se v’è in cielo chi pur s’armi in suo danno, L’ire n’estinguerà questo, che in seno Sacro a Nemesi or verso atro veleno. (in atto di bere) Scene V Récitatif accompagné ASPASIE Je dois le boire… Hélas, un froid glacial retient ma main, Une cruelle idée me fait douter. Peut-être en ce moment, Xipharès aussi Vide la coupe mortelle ? Vision effroyable ! Cela ne peut être vrai. Les dieux favorisent l’innocence, Ils défendront un si grand héros. Et si aux cieux, Certains encore veulent du sang, qu’ils acceptent le mien. Je bois ce poison pour apaiser la colère de Némésis. (Elle s’apprête à boire) Scène V Sifare con seguito di soldati e detta. Entrent Xipharès et ses troupes Recitativo SIFARE: Che fai, Regina? Récitatif XIPHARES Que fais-tu, Reine ? ASPASIA: Ah, sei pur salvo? ASPASIE Ah, alors tu es vivant ? SIFARE: Ismene franse a tempo i miei ceppi. Al suol si spanda la bevanda letal. (gli toglie di mano la tazza e la getta per terra) XIPHARES Ismène a brisé mes liens à temps, Le breuvage mortel s’est répandu sur le sol. (Il jette à terre la coupe qu’elle tenait) ASPASIA: Non vedi, incauto, Che più lungo il penar forse mi rendi, E nuovamente il genitore offendi? ASPASIE Ne vois-tu pas, imprudent, Que tu prolonges ma douleur, Et offenses ton père une nouvelle fois ? SIFARE: Serbisi Aspasia in vita, E poi del resto abbian cura gli Dei. Per tua custodia, finchè dura la pugna, Vengano quegli armati. XIPHARES Aspasie doit rester en vie, Les Dieux seuls répondent du reste. Tant que durera le combat, Ces hommes te protègeront. ASPASIA: E mi lasci così? ASPASIE Et ainsi, tu me laisses ? SIFARE: Dover più sacro da te lontano, O cara, il tuo Sifare or chiama. A Mitridate accanto là roterò la spada. Ei benché ingiusto, ahi pur m’è padre! E se nol salvo ancora, tutto ho perduto, Ed ho la vita a sdegno. XIPHARES Un devoir plus sacré encore, M’appelle loin de toi. Aux cotés de Mithridate, ô ma bien-aimée, Je brandirai l’épée. Bien qu’injuste, il est mon père, Si je ne le sauve, j’aurai tout perdu Et je vivrai dans la honte. ASPASIA: Oh di padre miglior figlio ben degno! (parte, seguita da’ soldati suddetti) ASPASIE Le plus digne des fils vaut bien son père. (Elle sort, suivie des soldats.) Scena VI Scène VI Recitativo SIFARE: Che mi val questa vita, In cui goder non spero Un momento di bene, in cui degg’io In eterno contrasto Fra l’amore ondeggiar, e ‘l dover mio? Se ancor me la togliete, Io vi son grato, o Dei. Troppo compensa quei dì ch’io perdo, il vanto Di morire innocente e chi in sembianza Può chiudergli d’Eroe visse abbastanza. Récitatif XIPHARES Que m’importe cette vie, dont je ne peux tirer Nul espoir de bonheur, mais à la place, Un tiraillement permanent, entre amour et devoir ? Si vous me la preniez, O Dieux, Je vous en remercierais. C’est d’avoir assez vécu Que de mourir innocent, Et la gloire de ma mort, Remplace aisément mes jours perdus. Car celui qui meurt en héros a assez vécu. No. 22, Aria SIFARE: Se il rigor d’ingrata sorte Rende incerta la mia fede, Ah palesi almen la morte Di quest’alma il bel candor. 22. Air XIPHARES Si la dureté d’un sort ingrat Ebranle ma foi, Que ma mort au moins, puisse démontrer La candeur de mon âme. D’una vita io son già stanco Je suis déjà las d’une vie Che m’espone al mondo in faccia A dover l’indegna taccia Tollerar di traditor. (si ritira) Qui m’expose à supporter aux yeux du monde, L’indigne accusation D’être un traître. (Il sort) Scena VII Interno di torre corrispondente alle mura di Ninfea. Farnace incatenato, e sedente sopra un sasso. Scène VII L’intérieur d’une tour adjacente aux murs de Nymphée. Pharnace, enchaîné, est assis sur une pierre. Recitativo FARNACE: Sorte crudel, stelle inimiche, i frutti Son questi, che raccolgo da sì belle speranze? Io di più regni primogenito erede Siedo ad un sasso, e invece Di calcar soglio ho la catena al piede? Oh Ciel, qual odo strepito d’armi... (vedesi aprire nel muro una gran breccia, per cui entra Marzio seguito da’ suoi soldati) A replicati colpi Qual forza esterna i muri Percosse ed or gli atterra! È’ sogno il mio O vegliando vaneggio? Che più temer, che più sperar degg’io? Récitatif PHARNACE Cruel destin, étoiles mauvaises, Quels sont donc les fruits que je récolte De si beaux espoirs ? Né l’héritier de bien des royaumes, Me voilà les pieds enchaînés, Assis sur une pierre plutôt que sur un trône. O Cieux, qu’entends-je ? (Une large brèche s’ouvre dans le mur, par laquelle entrent Marzio et ses soldats.) Quelle force extérieure frappe les murs, Jusqu’à provoquer leur écroulement ? Serait-ce un rêve éveillé que je fais, Et me faut-il le craindre ou le désirer ? Scena VIII Marzio con seguito di Romani e ditto. Scène VIII Marzio accompagné de Romains Recitativo MARZIO: Teco i patti, Farnace, Serba la fé Romana. (viene sciolto Farnace, e un romano gli porge l’armi) Récitatif MARZIO Rome est fidèle, Pharnace, Aux accords que vous avez conclus. (On libère Pharnace, et un Romain lui rend ses armes) FARNACE: Ah Marzio, amico, invano Io dunque non sperai... PHARNACE Marzio, mon ami ! Je n’espérais donc pas en vain... MARZIO: Dal campo, in cui del tuo periglio, O Prence, fui spettator, uscito appena Un legno trovo al lido e v’ascendo. Arride il vento alle mie brame impazienti. Al Duce prima dell’armi, indi a’ soldati Io narro il fiero insulto, i rischi tuoi. Ne freme quel popolo d’Eroi, chiede vendetta, Dispiega i lin, l’ancore scioglie E vola ver Ninfea furibondo. Invan contrasta allo sbarco improvviso D’Asiatici guerrieri disordinata turba, E il primo io sono la nota torre ad assalir. Fugati son dai merli i custodi, E al grave urtar delle ferrate travi Crolla il muro, si fende, e un varco al fine M’apron libero a te quelle rovine. MARZIO A peine échappé du lieu ô Prince, où tu courrais tous les périls. J’ai trouvé une planche sur le rivage et j’y suis monté. Les vents furent favorables à mes désirs impatients, Je relatais l’outrage et les risques que tu courrais D’abord au général, puis aux soldats. Un frémissement s’empare de ces héros, Ils crient vengeance, Déploient les voiles, lèvent l’ancre Et volent vers Nymphée furieux. En vain, la cohorte désordonnée des soldats Asiatiques S’oppose au débarquement improvisé. Je suis le premier à me lancer sur la tour, Abandonnée par ses gardes. Et sous les chocs De poutres recouvertes de fer, les murs cèdent, Et nous offrent un passage vers toi. FARNACE: Oh sempre in ogni impresa Fortunato ed invitto genio Roman! Ma il padre? PHARNACE Dans toutes ses entreprises, Heureux et invaincu est le génie Romain ! Gloire à ton invincibilité, mis où est mon père ? MARZIO: O estinto, o vivo Sarà dall’armi nostre il più illustre trofeo. MARZIO Qu’il soit mort ou vivant, Il sera aujourd’hui notre plus illustre trophée. De’ tuoi seguaci lo stuol disperso intanto Salvo ti vegga e t’accompagni al trono, Di cui Roma al suo amico oggi fa dono. En attendant, tes partisans éparpillés t’accompagneront sain et sauf Au trône que Rome t’offre en ce jour. No. 23, Aria MARZIO: Se di regnar sei vago, Già pago è il tuo desìo, E se vendetta vuoi Di tutti i torti tuoi Da te dipenderà. 23. Air MARZIO Si tu désires régner, Ton souhait est exaucé. Si tu réclames vengeance Des torts que l’on t’a fait, Libre à toi d’en décider. Di chi ti volle oppresso Già la superbia è doma, Mercè il valor di Roma, Mercè quel fato istesso Che ognor ti seguirà. (parte col suo seguito) L’arrogance de ceux Qui vous voulaient détruire est matée, Grâce à la grandeur de Rome, Et à la Fortune Qui à jamais te suivra. (Il sort avec ses soldats) Scena IX Scène IX Recitativo accompagnato FARNACE: Vadasi... Oh ciel, Ma dove spingo l’ardito piè? Ah vi risento, o sacre di natura voci possenti, O fieri rimorsi del mio cor. Empio a tal segno, no, ch’io non son, E a questo prezzo, a questo Trono, Aspasia, Romani, io vi detesto. Récitatif accompagné PHARNACE Il me faut partir… ô ciel ! Mais où diriger mes pas audacieux ? Voix puissantes et sacrées de la nature, O fiers remords de mon cœur, j’entends votre appel ! Je ne puis rester insensible à ces signes. Et à ce prix, Trône, Aspasie et Romains, je vous déteste tous . No. 24, Aria FARNACE: Già dagli occhi il velo è tolto, Vili affetti io v’abbandono: Son pentito, e non ascolto, Che i latrati del mio cor. 24. Air PHARNACE Mes yeux y voient enfin clair : J’abandonne mes vils sentiments, Rongé de remords, je n’écoute que Les gémissements de mon cœur. Tempo è omai, che al primo impero La ragione in me ritorni; Già ricalco il bel sentiero Della gloria, e dell’onor. (parte) Enfin, je retrouve la raison Et puis reprendre le noble chemin, De l’honneur et de la gloire. (Il sort) Scena X Atrio terreno, corrispondente a gran cortile nella Reggia di Ninfea, da cui si scorgono in lontano i navigli romani, che abbruciano sul mare. Nell’aprirsi della scena, preceduto intanto dalle sue guardie e portato sopra una spezie di cocchio formato dall’intreccio di vari scudi si avanza Mitridate ferito. Gli vengono al fianco Sifare ed Arbate e lo siegue il rimanente delle milizie. Scène X Cour intérieure du palais de Nymphée jouxtant la grande cour du palais. Au loin, la flotte Romaine brûle. La scène s’ouvre avec l’arrivée de Mithridate blessé, porté sur une litière faite de boucliers entrecroisés et précédé de ses gardes. Xipharès et Arbate sont à ses côtés, le reste des soldats suivent. Recitativo MITRIDATE: Figlio, amico, non più. La sorte mia dall’amor vostro esige altro che pianto. Se morte intempestiva tronca i disegni miei, Se a Mitridate spirar più non è dato, come bramò Dell’arsa Roma in seno, Brando straniero almeno non ha l’onor del colpo. Ei cade estinto, Ma di sua mano, e vincitor, non vinto. Récitatif MITHRIDATE Mon fils, mon ami, c’en est assez. Mon destin ne vous demande pas de larmes. Même si une mort soudaine gâche mes projets, Même s’il ne m’est pas donné de voir Rome brûler, Au moins je ne meurs pas d’une main ennemie. Mithridate tombe de son propre glaive, En vainqueur et non pas en vaincu. SIFARE: Perchè, avverso destino, atto sì disperato Prevenir non potei! XIPHARES Pourquoi, prévenant le destin, N’ai-je pu empêcher cet acte de désespoir ? MITRIDATE: Per tempo ancora giungesti, o figlio. Hanno i miei sguardi estremi la tua fè rimirata E ‘l tuo valore. Per te prostrate al suolo Giaccion l’aquile altere. Presso a cader poc’anzi del nemico in poter ebbi in orrore, Che pria morir, che d’incontrarla elessi. Potessi almen, potessi Egual premio a tant’opre... MITHRIDATE Tu es arrivé à temps, mon fils, Pour que je puisse contempler ta loyauté Et ton courage De mes derniers regards. Par toi sont tombés les aigles fiers. Sur le point d’être vaincu par mes ennemis, J’ai choisi de mourir Plutôt que de me rendre. Si j’avais pu, J’aurais aimé pouvoir récompenser tant de valeur Scena XI Aspasia e detti. Scène XI Aspasie et les autres Recitativo MITRIDATE: Ah vieni, o dolce dell’amor mio tenero oggetto, E scopo di mie furie infelice. Ad esse il cielo non invan ti sottrasse, E puoi tu sola scontar gli obblighi miei. Scarsa mercede sarebbe a un figlio tal scettro e corona Senza la destra tua. Récitatif MITHRIDATE Approche donc, Doux objet de mon amour, Cible infortunée de tout mon courroux. Ce n’est pas en vain que le destin te sauva, Car tu es la seule à pouvoir corriger ma faute. Dal grato padre l’abbia egli in dono, e possa eterno obblìo Frattanto cancellar dai vostri cori La memoria crudel de’ miei furori. Le sceptre et la couronne seraient, sans ta main, Une triste récompense pour mon fils. Qu’il la reçoive d’un père reconnaissant et Et qu’un éternel oubli efface de vos coeurs le souvenirs cruel de toutes mes fureurs. ASPASIA: Vivi, o Signor, e ad ambi almen conserva, Se felici ne vuoi, Il maggior d’ogni ben ne’ giorni tuoi. ASPASIE Vis, ô Seigneur, si tu souhaites notre bonheur. Préserve ta vie, Le plus précieux de tous les biens. MITRIDATE: Già vissi, Aspasia. Omai provvedi, o figlio, alla tua sicurezza. MITHRIDATE J’ai vécu bien longtemps Aspasie, Mon fils à présent sera ton protecteur. SIFARE: Ah lascia, o padre, Che pria sul reo Farnace vada a punir... XIPHARES Laissez-moi auparavant, ô père, Châtier Pharnace, ce coupable qui… Scena XII Ismene con Farnace, che si getta a piedi di Mitridate e detti. Scène XII Ismène et Pharnace, ce dernier se jette aux pieds de son père. Recitativo ISMENE: Reo non si chiami, o Sire, Chi reca illustri prove al regio piede Del pentimento suo, della sua fede. Opra son di Farnace quegl’incendi, che miri. Egli di Roma volse in danno quell’armi, E quella libertà ch’ebbe da lei, Né per tornare innanzi Col bel nome di figlio al padre amato Ebbe rossor di diventarle ingrato. Récitatif ISMENE Il n’est pas coupable, Seigneur, Celui qui jette à vos pieds royaux D’illustres preuves de son repentir et de sa loyauté. Ces incendies que vous voyez sont son œuvre. Et malgré la liberté qu’on lui offrait, Il a retourné ses armes contre les Romains, Ne rougissant pas de les traiter avec ingratitude, Afin de revenir vers vous Sous le doux nom de fils. MITRIDATE: Numi, qual nuova è questa gioia per me! MITHRIDATE Dieux, quelle joie inattendue ! Sorgi, o Farnace, e vieni agli amplessi paterni. (si alza Farnace e bacia al padre la mano) Già rendo a te la tenerezza mia. Basta così: moro felice appieno. Lève-toi, Pharnace, embrasse ton père ! (Pharnace se lève et lui baise la main) Je te rends toute ma tendresse. C’est assez ! Je meurs heureux. No. 25, Coro ASPASIA, SIFARE, ISMENE, ARBATE, FARNACE: Non si ceda al Campidoglio, Si resista a quell’orgoglio, Che frenarsi ancor non sa. Guerra sempre e non mai pace Da noi abbia un Genio altero, Che pretende al mondo intero D’involar la libertà. 25. Chœur ASPASIE, XIPHARES, ISMENE, ARBATE, PHARNACE Ne fléchissons pas face au Capitole, Résistons à son arrogance sans limites. Il ne connaîtra pas la paix, Mais la guerre qu’à jamais nous lui ferons , Ce génie hautain, Qui prétend voler au monde entier Sa liberté. © Léa Hanrot